« On n’a pas le loisir d’être trop confiants » : pour l’UBB, une finale de Champions Cup pour inverser le cours de son histoire
Une promesse de grand spectacle. Avec une folle envie de happy end. L’Union Bordeaux Bègles - plus jeune club du Top 14, né de la fusion, en 2006, des deux clubs de l’agglomération bordelaise - a déjà franchi un cap ces dernières saisons, sous la houlette de Christophe Urios, puis de Yannick Bru. L’heure est venue de concrétiser ces belles promesses. Et d’inscrire son nom sur un trophée pour confirmer cette montée en puissance. Après la terrible désillusion, en juin dernier, face à Toulouse en finale du Top 14 (déroute 59-3), les Unionistes ont su se relever pour retenter leur chance, cette fois à l’échelon supérieur, en défiant les Anglais de Northampton pour le titre en Champions Cup ce samedi (15 h 45, France 2 et beIN Sports).
Dans la Cocotte-Minute du Principality Stadium de Cardiff (ex-Millennium), la température devrait rapidement monter entre deux équipes portées sur l’offensive et les belles envolées. Avec, pour les amateurs de sensations fortes, des duels à la pelle. Entre les flamboyants ouvreurs Matthieu Jalibert et Fin Smith, nouveau maître à jouer du XV de la Rose. Avec, aussi, les intenables ailiers tricolores Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey opposés à la machine à scorer de l’Angleterre Tommy Freeman, remarquable durant le dernier Tournoi des six nations.
Avec un œil, aussi, sur la pile électrique Henry Pollock, nouvelle coqueluche du rugby outre-Manche. « C’est une sacrée équipe qui joue très bien au rugby. Ils ne sont pas là par hasard. C’est une équipe qui nous ressemble pas mal, qui joue bien au rugby. Ils ont un pack qui se déplace beaucoup. Et, derrière, ils ont des facteurs X », insiste le talonneur girondin Maxime Lamothe, qui, comme beaucoup, a assisté à la démonstration des Saints face aux redoutables Irlandais du Leinster en demi-finale.
La « Patrouille de France »
De là à faire des Anglais les favoris de cette finale inédite ? Pas si l’on en croit les bookmakers, qui misent plus volontiers sur un succès de l’UBB. Car, cette saison, les Bordelais, invaincus sur la scène continentale avant cette finale, impressionnent par leur force de frappe offensive. La « Patrouille de France », cette ligne de trois-quarts de Galactiques, enflamme toutes les enceintes de France et d’Europe. Toulouse, qui était en quête d’une septième couronne continentale, en a fait les frais en demi-finale, secoué par des avants bordelais revanchards d’être régulièrement critiqués. Yannick Bru, chef d’orchestre méticuleux et perfectionniste, a eu trois semaines pour préparer ses troupes à l’exploit. Pour décomplexer son équipe, culturellement joueuse mais longtemps jugée trop tendre, depuis sa montée dans l’élite en 2011.
Tout le groupe est conscient qu’on peut aussi prendre une grosse claque dans la figure et qu’on n’est pas à l’abri
Yannick Bru
Un temps révolu. Les Bordelais se sont fait la couenne, ils ont appris à souffrir. À l’image de leur maître à jouer, Matthieu Jalibert, toujours capable de géniales inspirations, mais désormais plus enclin à aller à la mine quand il faut défendre sa ligne. « Il travaille beaucoup sur des aspects qui lui ont été reprochés ces dernières années. Je n’ai pas ses statistiques en tête, mais je pense qu’il n’a pas loupé beaucoup de plaquages ces dernières semaines », appuie son arrière, Romain Buros.
L’UBB reste néanmoins sur ses gardes, avec, en mémoire, le gros raté de l’an dernier au Stade-Vélodrome. « Je ne sens pas de stress, il y a cette excitation, ces sourires et cette envie de déconner, raconte Yannick Bru. Mais tout le groupe est conscient qu’on peut aussi prendre une grosse claque dans la figure et qu’on n’est pas à l’abri. Donc on n’a pas le loisir d’être trop confiants… »
« On a un groupe qui vit bien, avec beaucoup de jeunes, il y a énormément de bonne humeur. Donc il faut garder ça. C’est notre ADN »
Maxime Lucu, capitaine de l’UBB
Maxime Lucu avance toutefois que les Unionistes débarquent à Cardiff décontractés, sans subir le poids d’une pression excessive. « On a un groupe qui vit bien, avec beaucoup de jeunes, il y a énormément de bonne humeur. Donc il faut garder ça. C’est notre ADN, en dehors du jeu, souligne le demi de mêlée international, dont la montée en puissance est remarquable depuis le dernier Tournoi des six nations. Mais il faut aussi basculer, dans des semaines comme celle-là, sur autre chose et savoir qu’on a quelque chose de grand à faire. Il faut qu’on trouve le juste milieu. C’est ce qu’on a réussi à faire lors des trois premiers matchs éliminatoires. »
Reste que Bordeaux Bègles est totalement novice à ce niveau de la compétition, quand Northampton - champion d’Angleterre l’an dernier - a déjà remporté un titre européen (2000) et disputé une autre finale (2011). Le club du président Laurent Marti, qui a su construire patiemment et solidement, deviendra samedi le 11e club français à disputer la finale de la grande Coupe d’Europe. Beaucoup s’y sont cassé les dents (Clermont, Racing 92, Biarritz, Stade Français) et seulement quatre ont inscrit leur nom au palmarès (Toulouse, Brive, Toulon et La Rochelle). Un cercle très fermé. « L’année dernière, c’était un apprentissage. Aujourd’hui, c’est une deuxième finale, on sent qu’on est plus légitimes », avance le manager girondin. De belles promesses à concrétiser.