PFAS dans l'eau potable : "La ruralité n'est pas la poubelle de zones industrielles", s'insurge le député des Ardennes Jean-Luc Warsmann
"La ruralité n'est pas la poubelle de zones industrielles", s'insurge samedi 5 juillet sur franceinfo, Jean-Luc Warsmann, député Liot de la 3e circonscription des Ardennes. À partir du 10 juillet, la consommation d'eau du robinet pour la boire ou préparer des biberons sera interdite dans douze communes du département, après la découverte de taux anormaux de PFAS, dits "polluants éternels", a annoncé vendredi la préfecture dans un communiqué cosigné avec l'Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est. Quelque 2 800 habitants sont concernés. La même mesure s'applique dès samedi pour quatre communes de la Meuse.
Ces restrictions, prises pour une durée indéterminée, font suite à la découverte de taux de PFAS supérieurs à la limite légale de 100 nanogrammes par litre (ng/l) dans l'eau distribuée. Dans une enquête, France 3 et le média Disclose révèle que dans 17 communes à cheval entre la Meuse et les Ardennes, les taux de polluants éternels détectés dépassent de 3 à 27 fois cette limite. Selon les préfectures de ces deux départements, "la pollution pourrait être liée à l'épandage, sur des parcelles agricoles situées à proximité des captages d'eau potable, de boues papetières susceptibles de contenir des PFAS" bien que "cette origine reste à confirmer".
Cette information a été accueillie "avec stupeur" par les maires de sa circonscription, confie le député des Ardennes Jean-Luc Warsmann. "C'est l'état de sidération" mais les élus locaux s'organisent pour que les habitants aient accès à l'eau potable. "Les communes vont verser des indemnités pour qu'ils puissent aller acheter de l'eau", précise-t-il.
Une papeterie pointée du doigt
Viendra ensuite "la deuxième étape : comprendre". Jean-Luc Warsmann a saisi le procureur de la République pour qu'il "ouvre au plus vite une enquête" sur cette contamination. Selon l'enquête de France 3 et de Disclose, le seul point commun entre ces communes réparties sur trois foyers de contamination et parfois distantes d'une vingtaine de kilomètres, c'est l'épandage de boues industrielles. La papeterie de Stenay, dans la Meuse, aujourd'hui fermée, est pointée du doigt. Les investigations devront le confirmer mais une hypothèse est privilégiée, celle d'une pollution "liée à des déchets émanant d'une entreprise industrielle et confiés à des agriculteurs comme étant des boues pour amender des terres agricoles", explique le député des Ardennes.
"J'ai donc demandé au préfet de région d'avoir les plans d'épandage parce qu'on ne les a pas aujourd'hui", poursuit-il. "On doit savoir si tout a été déclaré, dans quelles parcelles ces boues ont été déversées" parce que d'autres communes sont peut-être aussi touchées par cette pollution aux PFAS, craint Jean-Luc Warsmann. Les PFAS peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, etc.