Mort de Niels Arestrup : les hommages mais aussi des critiques sur son comportement avec les femmes

« Un de nos plus grands comédiens », salue la ministre de la Culture. Les hommages fusent après la disparition dimanche 1er décembre de Niels Arestrup, décédé à l’âge de 75 ans à son domicile de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine). L’acteur, notamment vu dans les films de Jacques Audiard, souffrait d’une longue maladie, précise sa femme Isabelle Le Nouvel, dans un communiqué transmis à l’AFP.

Cette dernière a rendu hommage à son mari dans une publication partagée lundi 2 décembre. Elle a repris les « derniers mots de l’autobiographie » de Niels Arestrup, publiée en 2001. « De tout ce que j’ai appelé mes emportements, mes incendies, ne ressort finalement qu’une vérité, une petite certitude. Ne subsiste qu’un seul entêtement, parfois suicidaire. Finalement je n’ai jamais été, jamais voulu être, autre chose qu’un acteur », a-t-elle retranscrit. Le président Emmanuel Macron et son épouse ont salué dans un communiqué « un grand acteur de notre temps, exigeant et populaire, figure de notre théâtre, inoubliable au cinéma, passeur et modèle pour une génération de comédiens ». 

La ministre de la Culture Rachida Dati se rappelle avoir été « ébloui par la force de son jeu et sa présence magnétique face à la caméra de Jacques Audiard, de Bertrand Tavernier, de Julian Schnabel ou d’Albert Dupontel », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. L’Élysée salue un « grand acteur de notre temps, exigeant et populaire, figure de notre théâtre, inoubliable au cinéma, passeur et modèle pour une génération de comédiens ». Niels Arestrup « savait tout jouer. Sa voix, tout autant que ses silences, matérialisaient une présence envoûtante », complimente Olivier Henrard, le président par intérim du Centre national du cinéma. 

«Un immense acteur»

Tahar Rahim, qui a partagé la vedette du film Un prophète, avec Niels Arestrup, évoque « un privilège rare d’être à (ses) côtés pour (sa) première expérience au cinéma» et salue « un immense acteur » dont il a souligné la « grandeur d’âme ». Publication à laquelle Émilie Dequenne a répondu « Je pense à toi, à nous depuis ce matin ». Les trois acteurs ont joué ensemble dans À perdre la raison de Joachim Lafosse, sorti en 2012. Patrick Bruel qui a joué avec l’acteur dans Villa Caprice en 2020 rend hommage à un « immense acteur ». « Notre rencontre m’a tellement marqué. Merci Niels pour ton regard et ta bienveillance », a-t-il écrit sur Instagram. La réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar, qui a travaillé sur le dernier film de Niels Arestrup, Divertimento, se dit « extrêmement émue », auprès du Parisien . « Je me suis un peu effondrée (...) J’avais envoyé récemment un message à Niels pour lui demander si je pouvais lui soumettre le scénario d’un autre film, et il m’avait dit oui. »

« Ce n’était pas quelqu’un qui parlait beaucoup, mais il parlait beaucoup en jouant. Je ne le voyais presque pas quand on allait entrer en scène, je ne le voyais pas beaucoup quand on en sortait, mais on avait des liens très profonds, très forts, et on se parlait beaucoup quand on jouait l’un avec l’autre », confie André Dussollier invité de BFMTV. Les deux acteurs ont travaillé ensemble sur Diplomatie, sorti en 2014.

Accusations de violence

Mais tous les hommages ne sont pas élogieux. Isabelle Adjani adresse ses condoléances à la famille de l’acteur mais avoue ne rien avoir « de positif à exprimer sur l’homme ». L’actrice s’est retirée de la pièce Mademoiselle Julie en 1983, affirmant que Niels Arestrup l’avait giflé. Ce dernier a toujours défendu qu’elle avait été la première à lever la main sur lui. « Mon souvenir du partenaire de théâtre demeure un traumatisme marquant. Mais Niels Arestrup fut un grand acteur, je partage cette opinion, celle de nombreux artistes et de son public », dit Isabelle Adjani au Parisien. « Niels Arestrup, on sépare l’homme de l’artiste dans les nécros ou pas? Je demande », a écrit Sandrine Rousseau.

Plusieurs actrices se sont plaintes du comportement violent de l’acteur. Miou-Miou a eu le tympan percé à la suite d’une gifle assénée trop vivement lors d’une prise sur le tournage du film La Dérobade sorti en 1979. Le principal concerné déclare avoir dit au réalisateur Daniel Duval, « il faut simuler [...], mais Miou-Miou voulait que ça ait l’air vrai ». Interrogé par Libération  en 2007, Niels Arestrup a toujours nié les faits. « Ça fait vingt-cinq ans que ça dure, depuis Mademoiselle Julie, avec Isabelle Adjani. Et depuis, j’ai tout essayé : m’expliquer, me taire, mais rien à faire, ça me colle à la peau. »