L'ambassadeur américain en France Charles Kushner a dénoncé «l'absence d'action suffisante» du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme, rejoignant les critiques du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Dans une lettre adressée au chef de l'État obtenue dimanche par l'AFP, l'ambassadeur exprime «sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme en France et à l'absence d'action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre».
Passer la publicitéArgumentaire de Netanyahou
Ces dernières semaines, la virulence de Benyamin Netanyahou à l’encontre d’Emmanuel Macron sur le sujet de l’antisémitisme a atteint un niveau sans précédent. Le premier ministre israélien n’a pas digéré la décision du président français de reconnaître un État palestinien en septembre, lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Dans une lettre rendue publique mardi, le dirigeant israélien estimait que la décision d’Emmanuel Macron «favorise la haine des Juifs dans les rues», donnant pour illustrer son propos une liste d’agressions à caractère antisémite récentes. La réplique du chef d’État français a été cinglante, qualifiant cette réaction d’«abjecte» tout en assurant que «la France protège et protégera toujours les Juifs».
Dans sa lettre, datée de lundi, l’ambassadeur américain reprend l’argumentaire de Benjamin Netanyahou. «Des déclarations qui vilipendent Israël et des gestes en reconnaissance d’un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France», estime le diplomate, par ailleurs père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner. «Aujourd’hui, ce n’est plus possible de tergiverser : l’antisionisme, c’est l’antisémitisme, point», estime-t-il.
Selon l’ambassadeur, «il ne se passe pas un jour en France sans que des Juifs soient agressés dans les rues, des synagogues et des écoles dégradées, et des entreprises appartenant à des Juifs vandalisées. Le ministère de l’Intérieur de votre propre gouvernement constate que des écoles maternelles ont été ciblées par des dégradations antisémites».
«S’interroger sur le programme scolaire»
Le représentant des États-Unis en France s’indigne également que «presque la moitié de jeunes Français disent ne jamais avoir entendu parler de la Shoah». «La persistance d’une telle ignorance nous pousse donc à nous interroger sur le programme scolaire dans les écoles de l’Hexagone», ajoute-t-il. Vantant les actions du président Trump en la matière et la capacité à «combattre l’antisémitisme, tant que nos dirigeants ont la volonté d’agir», l’ambassadeur américain en France exhorte le président français «à agir avec résolution».
Lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé fin juillet que la France allait reconnaître l’État de Palestine, dans la foulée, plus d’une dizaine de pays occidentaux parmi lesquels le Canada, ainsi que l’Australie, ont appelé d’autre pays du monde à faire de même. L’Assemblée générale de l’ONU prévue en septembre prend fin précisément le 23, jour de la nouvelle année juive et date avant laquelle Benjamin Netanyahou appelle Emmanuel Macron «à remplacer la faiblesse par l’action, l’apaisement par la volonté» dans la lutte contre l’antisémitisme.
Passer la publicitéLes actes antisémites sont en nette progression en France depuis le 7-Octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza. Le contexte est particulièrement délicat puisque vit en France la plus grande communauté juive d’Europe occidentale, avec environ 500.000 personnes, en même temps qu’une très importante communauté arabo-musulmane, très sensible au sort des Palestiniens de Gaza.