Meurtre de Philippine : le syndicat de la magistrature dénonce la focalisation du débat sur l’immigration

Meurtre de Philippine : le syndicat de la magistrature dénonce la focalisation du débat sur l’immigration

Selon le Syndicat de la magistrature, faire un lien entre la non-exécution d'une mesure d'éloignement d'un étranger en situation irrégulière et le passage à l'acte criminel serait faire un amalgame.  DAMIEN MEYER / AFP

Alors que se déroulent aujourd’hui les obsèques de la jeune femme de 19 ans tuée au bois de Boulogne et qu’un suspect, un ressortissant marocain récidiviste sous OQTF, a été arrêté, le Syndicat de la magistrature a dénoncé «l'activation d'une rhétorique xénophobe».

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Ce jeudi 26 septembre, le Syndicat de la magistrature dénonce dans un communiqué l'emballement médiatique et les «détournements politiques» des questions de sécurité et de justice, notamment en lien avec le meurtre de la jeune Philippine.

Le syndicat professionnel de magistrats a dénoncé «l'hyperfocalisation des médias», «l'activation d'une rhétorique xénophobe» et «les classiques procès en laxisme de la justice [qui] se sont appuyés sur les propos du ministre de l'Intérieur qui, la veille, avait dénoncé l'existence d'un "véritable droit à l'inexécution des peines" ».

Faire un lien entre la non-exécution d'une mesure d'éloignement d’un étranger en situation irrégulière et le passage à l'acte criminel serait faire un amalgame, selon le Syndicat de la magistrature. «Penser le crime à travers la question de l'immigration focalise le débat sur la question de l'expulsion des personnes étrangères en situation irrégulière et empêche de réfléchir aux solutions pour une peine juste et efficace. Ces questions doivent, à l'opposé, être envisagées à travers la capacité de la société toute entière à prévenir les féminicides et la récidive, quelle que soit la nationalité des personnes condamnées», peut-on lire dans ce communiqué. Avant de conclure : «Ne laissons pas le débat public basculer dans la vendetta collective, la surenchère et les obsessions xénophobes, au détriment de l'œuvre de justice».

Quelque 2800 personnes assistaient ce vendredi après-midi aux obsèques de Philippine, l'étudiante de 19 ans tuée et retrouvée morte dans l'ouest parisien samedi, à la cathédrale Saint-Louis de Versailles. Son meurtre a suscité débat et émotion à travers le pays en raison du parcours criminel et administratif du suspect, un Marocain de 22 ans, condamné pour viol et en instance d'expulsion. Le corps de Philippine avait été retrouvé non loin du campus de son université dans le bois de Boulogne, dans l'ouest de la capitale, lors d'une battue organisée samedi après-midi. Le suspect âgé de 22 ans, Taha O., avait été condamné en 2021 pour un viol et libéré «en fin de peine» en juin, selon le parquet de Paris. Il était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF).