Environnement : Trump veut lancer le forage au fond des océans même dans les eaux internationales
Après le pétrole et le gaz de schiste, voici au tour des fonds marins d’être l’objet de la fièvre extractiviste et du fameux slogan de campagne « Drill, baby, drill » (Fore, bébé, fore) du président états-unien. Le décret signé ce 24 avril par Donald Trump demande au secrétaire d’État au Commerce, Howard Lutnick, « d’accélérer l’examen » de candidatures « et la délivrance de permis d’exploration et d’extraction » de minéraux « au-delà des juridictions » américaines.
Traduction : ces permis concerneraient non seulement les eaux territoriales états-uniennes, mais également les eaux internationales, qui ne sont pourtant pas, par définition, sous l’autorité d’un pays mais relèvent du droit international et de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), fondée en 1994 sous l’égide de l’ONU, et qui prépare actuellement un code minier pour cette exploitation des fonds marins. Le timing du président américain n’est donc pas anodin : il s’agit de passer en force.
100 000 emplois et 300 milliards de dollars
Pour Donald Trump, lancé dans une course effrénée aux minerais stratégiques et notamment aux terres rares, l’objectif est clair : « Nous voulons que les États-Unis devancent la Chine dans ce domaine », a annoncé un responsable du gouvernement, qui indique également qu’une extraction massive permettrait aux États-Unis de créer 100 000 emplois, et surtout de faire bondir le PIB du pays de 300 milliards de dollars.
Mais en matière d’exploitation des fonds marins, toute projection est aléatoire, puisque son coût est impossible à évaluer. Seule chose certaine : ce serait une catastrophe écologique. « En se lançant dans l’extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d’autres pays pour en faire de même », a réagi Jeff Watters, vice-président de l’ONG Ocean Conservancy, dans un communiqué. « Et cela aura des conséquences négatives pour nous tous et pour les océans dont nous dépendons », a-t-il prévenu.
D’autres pays ont également réagi : la Chine a dénoncé « l’autorisation par les États-Unis des activités de prospection et d’exploitation des ressources minérales sur leur soi-disant plateau continental extérieur », qui selon elle « nuit aux intérêts de la communauté internationale dans son ensemble », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.
Pour l’heure, seuls des projets d’exploration ont été lancés. Une quarantaine de pays, parmi lesquels le Brésil, l’Allemagne ou le Canada ont décrété un moratoire sur le sujet. En France, Emmanuel Macron a pris position pour une interdiction de l’exploitation des fonds marins, alors que le pays est particulièrement concerné : grâce aux Outre-mer, surtout dans le Pacifique, il dispose de la seconde plus grande Zone économique exclusive au monde. À terme, la position des États-Unis pourrait toutefois inciter d’autres pays à se lancer dans cette course mortifère.
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