Instabilité politique, fiscalité, coût de l’énergie... Plus de neuf entreprises sur dix ne pense pas relocaliser en France

Instabilité politique, fiscalité, coût de l’énergie... Plus de neuf entreprises sur dix ne pensent pas relocaliser en France

Plutôt que de relocaliser, les entreprises misent sur d’autres solutions pour gagner en souveraineté (image d’illustration). Lisi Niesner / REUTERS

L’an dernier, les entreprises de plus de 250 salariés envisageaient à 43% un retour de leur production sur le territoire national, contre 2% aujourd’hui, selon une étude réalisée par OpinionWay pour By.O Group et le groupe Cubik.

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Depuis la crise du Covid-19, le discours sur la relocalisation s’est imposé comme une nécessité stratégique pour assurer la souveraineté économique en France. Quelques années plus tard, ces espoirs semblent bien lointains. Publié ce vendredi, un sondage mené par OpinionWay auprès de 500 dirigeants d’entreprises révèle l’attentisme des milieux d’affaires, dans un contexte politique pour le moins incertain. En cause : des coûts de production trop élevés et un environnement fiscal et réglementaire jugé trop instable par les entreprises.

Le mouvement entamé ces dernières années semble aujourd’hui totalement à l’arrêt. Plus de neuf entreprises du dix considèrent ainsi que la relocalisation «n’est pas à l’ordre du jour», un record, en hausse de 6 points par rapport à 2024. Ce désintérêt est particulièrement marqué chez les grandes entreprises : l’an dernier, les entreprises de plus de 250 salariés envisageaient à 43% un retour de leur production sur le territoire national, contre 2% aujourd’hui.

Plusieurs raisons expliquent cette dynamique préoccupante. Depuis 4 ans, les coûts de production et de logistique sont systématiquement cités comme l’obstacle majeur des entreprises. Cette année, toutefois, la fiscalité et les réglementations arrivent à la deuxième place. La dissolution de l’Assemblée nationale, les législatives puis la censure du gouvernement Barnier ont ébranlé le secteur privé, inquiet de connaître les plans du nouveau Parlement dans le budget 2025.

Plutôt que de relocaliser, les entreprises misent sur d’autres solutions pour gagner en souveraineté. 64% des dirigeants préfèrent privilégier l’innovation et la moitié des dirigeants interrogés misent sur l’amélioration de leur efficacité opérationnelle. Seule une minorité compte sur les financements publics. De quoi ébrécher les perspectives d’un grand retour des usines en France.

Les coûts et la fiscalité comme principaux freins

Pour la première fois, cette année, le sondage se penche sur l’intelligence artificielle. Étonnamment, l’IA n’est pas un sujet de criticité (23 %), ni de dépendance (6%) pour les entreprises. Malgré la puissance des États-Unis et de la Chine sur ce marché, les entreprises n’en font pas encore un sujet de souveraineté.

Les matières premières figurent également parmi les sujets d’inquiétude des dirigeants. «Parmi les matières premières les plus critiques, spontanément les entreprises citent d’abord celles liées à l’énergie : électricité, carburant, gaz…», révèle l’étude. Près d’une entreprise sur deux estime que l’énergie aura un impact sur ses coûts de fonctionnement ou sur sa capacité à assurer la production, une situation d’autant plus pénalisante que les États-Unis bénéficieront d’une énergie largement disponible et peu coûteuse grâce au gaz de schiste.