Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports français

Ryanair estime que, dans des aéroports français de deuxième catégorie, beaucoup de vols ne seront plus rentables à cause de l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion. Jon Nazca / REUTERS

À moins que le gouvernement ne renonce à tripler la taxe Chirac sur les billets d’avion, la compagnie low-cost réduira dès janvier son trafic de 50% dans les aéroports régionaux hexagonaux.

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Début novembre, Ryanair avait mis en garde le gouvernement français : s’il persistait à multiplier par trois la taxe Chirac sur les billets d’avion, «cela risquerait de compromettre encore la connectivité aérienne de la France». En clair, des lignes seraient fermées. Alors que ce projet d’augmenter de 260% cette taxe a toujours les faveurs de l’exécutif, la reine des compagnies low-cost européennes hausse le ton. À moins que l’État ne fasse machine arrière sur ce sujet, Ryanair réduira dès janvier son trafic de 50% dans les aéroports régionaux hexagonaux. En clair, il arrêtera d’en desservir dix sur les 22 où ses avions se posent où décollent. 

«Nous fermerons ces routes car, avec cette taxe elles ne sont pas viables économiquement, explique Jason McGuinness, directeur général de la compagnie irlandaise. À la place, nos avions iront dans des pays comme l’Espagne et la Pologne où il n’y a pas de taxe sur l’aviation ou l’Italie, la Hongrie et la Suède qui les ont abolies.» Par exemple, ils pourraient augmenter la desserte de Trieste en Vénétie ou Wroclaw et Cracovie en Pologne. Limoges, Carcassonne, Perpignan, Nîmes, Grenoble… Pour l’instant, on ne sait pas de quels aéroports français Ryanair compte se retirer. Mais la réaction sera forcément très forte chez les maires des villes concernées. 

Plutôt l’Espagne ou la Pologne que l’Hexagone

Car, bien souvent, c’est Ryanair qui fait vivre l’aéroport local. Ainsi, la compagnie aux avions jaune et bleu foncé est la seule à desservir Carcassonne. À Limoges, elle n’a pour concurrente que la compagnie française, Chalair, qui propose uniquement une ligne vers Lyon. Ces aéroports risquent d’avoir beaucoup de mal à vivre sans Ryanair. Quant aux villes, leur attractivité sur un plan touristique comme économique sera forcément réduite. «C’est le problème du gouvernement français», estime Jason McGuinness qui prend le contre-exemple de la Suède : comme le gouvernement de ce pays scandinave vient d’enlever les taxes sur l’aviation, Ryanair y ouvrira dix nouvelles lignes à l’été 2025. Et le transporteur ajoutera sur ses bases suédoises (Stockholm et Göteborg) deux avions. 

Pour l’instant, Ryanair n’a pas décidé s’il réduirait aussi son offre de vols dans ses bases hexagonales, notamment à Beauvais. Même incertitude pour le programme d’été qui sera mis en place à partir d’avril. En revanche, la compagnie a une certitude : comme Air France-KLM, elle répercutera sur les billets d’avion l’augmentation de la taxe Chirac pour les vols qu’elle continuera à opérer en France. Matignon est prévenu et la balle est désormais dans son camp. Avec l’adoption du budget en décembre, on saura si l’exécutif change un peu sa position.