François Bayrou tance «les boomers» qui «considèrent que tout va bien»

Invité du 20h de TF1 ce mercredi soir, François Bayrou s’est livré à un nouvel exercice de justification d’une vingtaine de minutes. Le premier ministre, qui a sollicité le vote de confiance à l’Assemblée le 8 septembre prochain, a rappelé l’importance de l’effort budgétaire qu’il va falloir consentir pour «que la France sorte du surendettement». En toute fin d’interview, alors que le présentateur Gilles Bouleau cherchait visiblement à conclure, le premier ministre a pointé la responsabilité des «boomers» dans l’explosion de la dette et le chaos qui risque d’en résulter.

«Si on crée le chaos, qui vont être les victimes ? Les premières, ce seront les plus jeunes des Français à qui devront payer la dette pendant toute leur vie et on a réussi à leur faire croire qu’il fallait encore l’augmenter, tout ça pour le confort de certains partis politiques et pour le confort des boomers, comme on dit, qui de ce point de vue là, considèrent que, ma foi, tout va bien», a affirmé le premier ministre, avant de citer «la lucidité» comme «première vertu d’une nation».

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«Nos enfants, quand ils vont à la banque, on leur dit “c’est niet”»

Cette déclaration assassine contre la génération dite des «baby boomers», désignant l’ensemble des personnes nées durant la période d’après-guerre, marquée par une hausse importante des naissances, a de quoi surprendre. Alors qu’ils constituent la base électorale d’Emmanuel Macron - avec près de 70% des retraités qui ont voté pour le président-candidat en 2022 - cette attaque contre les personnes âgées pourrait en braquer certains. «Ce sont des gens qui n’ont pas volé leur argent, ce sont des gens qui ont respecté les règles...», a lancé ce matin le porte-parole du RN, Laurent Jacobelli sur BFMTV, dénonçant «le racket des retraités».

À l’inverse, Richard Ramos, député Modem du Loiret a défendu énergiquement la phrase de François Bayrou sur la même chaîne. «Il a raison le premier ministre !, s’est-il emporté, face à des interlocuteurs sceptiques. On a tous fait de la dette, on a eu un pouvoir d’achat basé sur la dette. Et nos enfants, quand ils veulent avoir une baraque aujourd’hui à la campagne à 180.000€, ils ne l’ont pas. Ils vont à la banque et on leur dit “c’est niet”. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de pouvoir d’achat pour celui qui travaille, pour le jeune qui a fait des études et qui n’est pas assez payé.»

Une guerre des générations en ligne

Ce conflit générationnel entre les jeunes actifs et les retraités déchaîne les passions sur les réseaux sociaux depuis un certain temps. En juin dernier, apparaissait le personnage fictif «Nicolasquipaie», censé incarner le contribuable de bonne volonté étouffé par une fiscalité écrasante. Ce trentenaire imaginaire représente ras-le-bol d’une génération qui s’estime sacrifiée... au profit des plus de 65 ans, qui, non contents d’avoir profité d’un bon train de vie, bénéficient désormais d’une retraite extravagante. Telle est la caricature grinçante, visant à dénoncer la gabegie budgétaire française, qui circule notamment dans les cercles de droite.

Si par sa petite phrase, François Bayrou a certainement cherché à s’attirer les faveurs de la jeunesse, il a également pris le risque de nourrir le ressentiment d’une génération envers l’autre. Et de froisser une grande partie de l’électorat centriste, qui ne s’estime pas plus favorisé que les autres ?