Margaret Atwood : « Si j’avais 30 ans, je serais effrayée par l’Intelligence artificielle »

Margaret Atwood est toujours en pleine forme. À 84 ans, la célèbre romancière canadienne garde son sourire malicieux reflet de son humour débordant. Dans un entretien accordé à Reuters  lors d’un déplacement au Danemark, où elle a reçu le prix de littérature Hand Christian Andersen, l’auteure de La Servante écarlate  a parlé de l’Intelligence artificielle (IA). 

« Cette technologie effraye beaucoup de monde. Moi, je suis trop vieille pour me soucier de cela », a d’abord dit Margaret Atwood aux journalistes Jacob Gronholt-Pedersen et Tom Little. Mardi 22 octobre, 11 500 personnalités du monde de la culture ont signé une pétition à l’encontre « de l’utilisation de créations artistiques par l’IA », dénonçant « une menace majeure, injuste et déshumanisante » pour les artistes. Thom Yorke de RadioheadBjörn Ulvaeus d'ABBAJulianne MooreHarlan CobenKazuo Ishiguro en étaient tous signataires. « Je les comprends, ajoute l’écrivaine. Si j’avais encore 30 ans, je serais effrayée ! »

Margaret Atwood a donc prêté attention aux poèmes et romans rédigés par l’Intelligence artificielle. Notamment ceux écrits « dans son style ». Peut-être de quoi la rassurer ? « Pour le moment, l'IA est un mauvais poète, vraiment mauvais ! Elle n'est pas une bonne écrivaine de fiction non-plus », constate-t-elle. 

Toujours farouche opposante à Donald Trump

Pour arriver à la cheville de la romancière de 84 ans, l’Intelligence artificielle devrait aller puiser son énergie dans la riche œuvre de Margaret Atwood. En effet, elle a commencé sa carrière en 1961. Depuis la publication de son premier roman, La Femme comestible (The Edible Woman), en 1969, l’écrivaine a rédigé plus de 60 ouvrages dans tous les genres littéraires, de la poésie au roman dystopique, qui aura fait sa gloire. « Je n’ai pas le syndrome de la page blanche, confie-t-elle à Reuters . J’ai beaucoup de facilité à écrire et vous pouvez le deviner avec le nombre de livres que j’ai publié dans ma vie. »

« Je rédige actuellement mes mémoires où j'y mets que des choses stupides et des événements catastrophiques de ma vie, car tout le reste m'ennuie »

Margaret Atwood

Son habileté à écrire sur n’importe quel sujet fait d’elle l’une des auteures les plus célèbres du monde, et bien sûr, la plus respectée dans tout le Canada. Son roman dystopique, La Servante écarlate (The Handmaid’s tale) , publié pour la première fois en 1985, a connu un large succès aux États-Unis après la nomination à la Maison Blanche de Donald Trump en 2016. La suite, en 2019 avec Les Testaments (The Testaments) , lui a permis de remporter le prestigieux prix Booker. Et à l’aube des élections américaines de 2024, Margaret Atwood se positionne à nouveau contre toute forme d’autocratie, affirmant être « très concernée par la vision fermée du candidat républicain Donald Trump ». 

Enfin, la romancière a été interrogée sur son avenir. Ce à quoi elle a répondu avec un brin d’humour : « J'aime quand les gens me questionnent sur le futur. Qu’ai-je en tête pour les deux, cinq ou dix prochaines années ? Personne ne le sait. Je vais très bien et j’apprécie toujours autant écrire. Je rédige actuellement mes mémoires où j'y mets que des choses stupides et des événements catastrophiques de ma vie, car tout le reste m'ennuie ».