Disney100 célèbre un siècle de création animée à la Porte de Versailles

À l’entrée de l’exposition Disney100, les enfants piaffent d’impatience tandis que leurs parents ou grands-parents temporisent avec philosophie. L’attente ne sera pas de longue durée. Parfaitement régulé, le flux des visiteurs s’écoule. Un bain musical «disneyen» résonne dès l’entrée, alors que les premières esquisses de Mickey, Minnie, ou Donald agrandies s’exposent joyeusement.

On le comprend rapidement: cette rétrospective qui balaie une centaine d’années de création de la Walt Disney Company a pour vocation principale de rassembler les générations. D’emblée, une salle présente le mode d’emploi de l’exposition dans une atmosphère féerique accompagnée d’une vidéo qui se dévoile sur un fond de scène bleu piquée d’étoiles. Une dizaine de galeries thématiques et interactives s’enchaînent sur 1400 mètres carrés. Le fil rouge reste évidemment le pionnier, Walt Disney (1901-1966), dont le parcours détaille la vie et les débuts avec son frère Roy.

L’une des dix thématiques de l’exposion Disney 100 rend hommage à la musique dans les films Disney. © Disney

Passée par Philadelphie, Munich, Londres ou encore Séoul (où elle est toujours en cours), cette rétrospective, conçue à l’occasion du centenaire, en 2023, de l’empire du divertissement, fait étape jusqu’au 5 octobre à la Porte de Versailles. Plus de 250 pièces, issues des archives du groupe, permettent de remonter aux origines du studio initialement fondé par Walt et Roy Disney pour produire les courts-métrages «Alice comedies», tout en plongeant dans les coulisses des films et parcs d’attractions.

«Ce qui émerveille dans cette exposition, commente le consultant Sébastien Durand, historien du cinéma et spécialiste de la firme aux grandes oreilles, c’est qu’elle magnifie les objets par une présentation inventive. J’ai eu la chance de tenir dans mes mains la boule à neige utilisée par Julie Andrews  dans le film Mary Poppins de 1964. La voir derrière une vitrine aurait pu être frustrant. Mais comme la mise en scène fait s’envoler des oiseaux autour, au-dessus de la cathédrale, cela apporte une petite touche de magie formidable.»

Costume porté par Emma Stone dans le film Cruella (2021) exposé à la galerie The Illusion of Life à Disney100 : L’Exposition. © Disney

De nombreuses reproductions de croquis et autres documents côtoient ainsi des œuvres originales, comme des esquisses de Pinocchio (1940) ou la partition de la chanson «Siffler en travaillant». Les univers de Marvel et Star Wars comme les innovations de Pixar, trois marques rachetées au XXIe siècle par la multinationale, font également partie intégrante du parcours.

«Ce qui m’a le plus enthousiasmé, confie Sébastien Durand, c’est la présence du premier dessin de Mickey. Walt Disney et son assistant Ub Iwerks avec probablement l’aide d’une troisième main, Les Clark, planchent sur la création d’un nouveau personnage. Walt Disney revient de New York, dépité après avoir perdu les droits de son précédent personnage. Sur cette feuille de papier, on découvre cinq variations du futur Mickey. Il y en a une qui est encerclée. C’est la décision de Walt Disney. En dessous, se trouve le même personnage avec de longs cils et une jupe à la place de la culotte à boutons dorés. C’est officiel, Minnie est née en même temps que Mickey. Ce dessin ne faisait pas partie des pièces détenues par Becky Cline, la directrice des archives du groupe. Il est la propriété de la famille de Walt Disney qui l’a prêté pour l’occasion. Pour moi, c’est le joyau de la couronne. C’est la pièce la plus précieuse à mon cœur, même si ce n’est pas la plus spectaculaire. C’est un morceau d’histoire. C’est la preuve que Walt a dessiné Mickey, même si la version de Ub Iwerks sera finalement retenue. Pour moi, ce sont les manuscrits de la mer morte de l’animation!», achève-t-il en riant.

Outre ce Graal «disneyen», les visiteurs de l’exposition vont pouvoir admirer la page du script original de Steamboat Willie, le tout premier dessin animé ayant mis en scène Mickey Mouse en 1928, ou un carnet de coupons d’entrées au parc californien Disneyland daté de 1960, des recueils de contes géants de Blanche-Neige et les sept nains (1937) et de La belle au bois dormant (1959)...

» Disney100 : l’exposition, jusqu’au 5 octobre à la Porte de Versailles, Paris.