Jean Castex devrait être nommé PDG de la SNCF à l’automne

Cette fois-ci, la décision semble prise : selon nos informations, sauf énorme surprise, Jean Castex devrait être nommé PDG de la SNCF par l’exécutif à l’automne, pour une prise de fonction avant la fin de l’année. Le choix n’est pas surprenant : depuis plusieurs mois, le nom de l’ex-premier ministre revient avec insistance pour devenir patron du groupe public ferroviaire. C’est qu’il coche beaucoup de cases pour diriger l’opérateur ferroviaire historique. À la tête de la RATP depuis deux ans et demi, il a montré son savoir-faire pour diriger une grande entreprise de transport public.

Sous son impulsion, le métro, qui avait quelque peu déraillé en 2022, est redevenu un moyen de transport globalement fiable. Dans la foulée, ce patron a réussi l’épreuve des Jeux olympiques, où le RER, le métro, les tramways étaient soumis à rude épreuve. Un redressement qu’il a opéré en dialoguant avec les syndicats, mais en sortant le carnet de chèques.

Jusqu’ici, Jean Castex a toujours démenti son intérêt pour la direction de la SNCF. Il ne voulait pas se trouver dans une position intenable alors qu’il dirige toujours la RATP. Ainsi, fin mai, il déclarait : « Je tiens à rappeler que l’excellent M. Farandou est encore en fonction (en tant que PDG de la SNCF, NDLR) pour plusieurs semaines. Laissons-le travailler. Quant à moi, je suis là, à la RATP, et bien là. Point. »

Un temps d’attente

Mais, derrière ces déclarations de circonstance, les experts connaissent l’amour du train de ce grand serviteur de l’État. Il a même commis un ouvrage sur une petite ligne de son terroir, La Ligne de chemin de fer de Perpignan à Villefranche-de-Conflent, publié en 2017. Et, en 2019 déjà, il avait été candidat sans succès pour succéder à Guillaume Pepy à la tête de la SNCF.

Alors pourquoi Emmanuel Macron ne nomme-t-il pas tout de suite Jean Castex PDG du groupe public ferroviaire à la place de Jean-Pierre Farandou, qui en est le PDG intérimaire depuis plus d’un an ? Pour des questions juridiques. Un ex-membre du gouvernement ou un président d’une instance publique n’a pas de comptes à rendre à la HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique) sur l’orientation qu’il donne à sa carrière trois ans après avoir quitté ses fonctions. Avant, il doit se soumettre à l’avis de cette autorité, qui peut toujours arguer d’un conflit d’intérêts pour refuser une évolution professionnelle. Pour ses fonctions de premier ministre, Jean Castex n’a plus ce problème : il a quitté Matignon il y a un peu plus de trois ans, le 16 mai 2022.

Prolongations pour Farandou

En revanche, il a présidé l’Afit (Agence de financement des infrastructures de transport de France) du 17 août 2022 au 9 novembre 2022, date de son départ effectif. Pour s’éviter d’éventuelles remarques de la HATVP, l’exécutif préférera attendre mi-novembre pour nommer Jean Castex PDG de la SNCF. Jean-Pierre Farandou va donc prolonger son bail à sa tête pendant quelques mois : il devrait rester PDG par intérim de l’entreprise ferroviaire tricolore. Et ce même s’il fête ses 68 ans le 4 juillet, la limite d’âge pour être directeur général du groupe ferroviaire. Mais il ne sera pas frappé par cet interdit car les statuts ne disent rien de la fonction de PDG par intérim.

Ironie du sort : il y a un an, à pareille époque, ce « cheminot première langue » pensait qu’il ne garderait son poste que quelques semaines. Furieux de l’accord de fin de carrière signé à la SNCF, Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie, lui avait signifié en mai son renvoi après les Jeux olympiques et paralympiques, soit en septembre. La nouvelle donne politique faite d’absence de majorité et de remaniement lui a permis d’échapper à ce destin et de jouer les prolongations.