Notre critique du film Le Secret de Khéops : la fabuleuse chasse au trésor de Barbara Schulz
Il n’est pas donné à tout le monde de réussir une comédie d’aventure pop et pétillante à la Philippe de Broca. Coup d’essai, coup de maître. En passant pour la première fois derrière la caméra, la comédienne Barbara Schulz (La Dilettante, Un aller simple…) a réussi son pari, avec l’aisance et - qui sait - la chance des débutants. Il faut dire qu’elle a mis tous les atouts de son côté.
Avec Le Secret de Khéops, on plonge dans une intrigue de chasse au trésor archéologique savante, drôle et décomplexée. Fabrice Luchini mène la danse, avec l’abattage qu’on lui connaît. Dans le rôle de Christian Robinson, archéologue flamboyant aux méthodes peu orthodoxes, il s’offre un rôle où il peut briller de mille feux. Infatigable chercheur de reliques antiques, notre Indiana Jones mâtiné de Professeur Tournesol piste le trésor de la chambre royale du pharaon Khéops depuis plus de trente ans.
Chasse au trésor en famille
Dans une chambre funéraire du Caire, Robinson pense toucher au but lorsqu’il découvre une inscription gravée en français : « Trouvés en ces lieux et emportés en France. » Sous l’énigmatique message, une signature lui rappelle la marque de Dominique-Vivant Denon (1747-1825), grand précurseur de l’égyptologie et de la muséologie qui accompagna Bonaparte en 1798 lors de son expédition d’Égypte. Pour farfelue qu’elle puisse paraître, la théorie de Robinson semble parfaitement étayée. Voilà donc notre archéologue survolté de retour à Paris, paré pour une chasse au trésor en famille.
Loin de ses bases, un peu perdu, notre drôle « d’aventurier du trésor de Khéops perdu » se réfugie chez sa fille Isis, également archéologue (Julia Piaton, tordante) avec laquelle il n’a jamais su nouer de relation affective stable. Père absent, mais grand-père amusant et charismatique, Fabrice Luchini embarque bientôt son petit-fils Julien (Gavril Dartevelle) dans sa quête archéologique, entre les archives du Louvre et les secrets de La Malmaison, sans oublier les fascinants sous-sols de La Bastille…
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Fantaisie archéologique
Barbara Schulz, qui aurait rêvé de devenir archéologue étant gamine, met en scène cette virevoltante fantaisie archéologique avec beaucoup d’allant et de rigueur. Elle a même fait valider la partie napoléonienne par l’historien David Chanteranne, tout en confiant la supervision de la partie égyptienne à l’égyptologue Jean-Guillaume Olette-Pelletier. Chapeau bas.
Plus les bases scénaristiques d’une bonne comédie sont solides, meilleures seront les envolées comiques, les bons mots et les séquences burlesques. Ici, les spectateurs sont servis. Le rythme et l’inspiration de cette comédie d’aventure bien française s’abreuvent également aux meilleures sources. Non seulement on décèle les hommages à Rappeneau et à de Broca, qui était fan d’Hergé, mais on reconnaît aussi les influences et l’imaginaire débridé de la bande dessinée franco-belge du siècle dernier, d’Hergé (Les Sept Boules de cristal, cité explicitement par Luchini) à Edgar P. Jacobs (Le Mystère de la Grande Pyramide) en passant par Jacques Tardi et sa série Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec.
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Dans cet ensemble, Fabrice Luchini apparaît espiègle, léger et facétieux. Il électrise son monde, faisant du Secret de Khéops un film enlevé, cocasse et bon enfant. Une pépite de naïveté, de drôlerie et d’entrain pour toute la famille, parfait et lumineux antidote en ces temps bien sombres.
La note du Figaro : 3/4