Écoutes de ses utilisateurs : Apple signe un accord de 95 millions mais ne reconnaît pas ses torts
Apple ne reconnaît pas ses torts, mais accepte de payer… Il est en effet précisé dans l’accord signé mardi qu’« Apple a toujours nié et continuer de nier tout acte répréhensible et toute responsabilité présumés ». Pourtant, le constructeur propose de verser 95 millions de dollars à ses utilisateurs étasuniens qui l’accusent de les avoir écoutés sans leur utilisation. Il suffisait de dire « Hey Siri » pour que l’enregistrement s’active.
Des sous-traitants, comme Thomas Le Bonniec qui avait témoigné dans nos colonnes, récupéraient ensuite le fichier audio : « Je devais m’assurer que la transcription de leurs conversations était correcte, la corriger si besoin. Passé cette première étape de nettoyage, d’autres collègues se chargeaient de regarder le reste des données disponibles dans l’appareil, comme les contacts, la localisation, la musique, les films, d’étiqueter des mots-clés, des lieux, des noms… et tout ce que le règlement général de protection des données définit comme des données sensibles – appartenance syndicale, opinions politiques, données de santé. »
Un millième des profits annuels d’Apple
Le jeune Français, comme d’autres a parlé à la presse en 2019, preuves à l’appui, enclenchant ce recours collectif. L’accord conclu mardi, s’il est validé par la justice, exige que l’entreprise confirme qu’elle a bien supprimé les enregistrements recueillis et qu’elle explique aux utilisateurs leurs choix en termes de stockage de données collectées par Siri, s’ils acceptent d’être enregistrés.
Mais ce marché se révèle être à l’avantage d’Apple : sans condamnation, le groupe peut continuer à éhontément nier les faits malgré les preuves, et ces 95 millions de dollars ne représentent que quelques heures de bénéfices – Apple a réalisé près de 94 milliards de profits nets l’an dernier. Les plaignants, estimés à plus de 10 millions, devraient recevoir 20 dollars par terminaux (iPhone, Apple Watch…) qui les a espionnés. Ceux qui sont contents, sont en revanche leurs avocats, qui récupèrent près de 30 millions de dollars d’honoraires, selon Reuters. En Europe comme aux États-Unis, les multinationales risquent bien plus pour des entorses à la libre-concurrence, que pour espionner leurs utilisateurs à échelle industrielle.
Une autre action en justice de ce genre est en cours contre Google et son assistant vocal. En 2023, c’est Amazon (Alexa) qui avait accepté de payer plus de 30 millions de dollars à l’agence américaine de protection des consommateurs (FTC) pour des faits similaires.
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