« Les sirènes ? On a tellement l’habitude qu’on ne les entend plus » : après trois ans de guerre, l’horizon bouché des jeunes ukrainiens

Kiev, Kharkiv, Krivyï Rih (Ukraine), envoyé spécial.

L’hymne national retentit. Tous les spectateurs se lèvent et entonnent avec l’orchestre : « L’Ukraine n’est pas encore morte. » L’opéra – Falstaff – débute. Au terme de la représentation, qui suscite un énorme enthousiasme, Roman, 25 ans, se réjouit.

« Le spectacle a pu aller à son terme malgré l’alerte qui a été de courte durée. Entre les bombardements, l’inflation, ma possible mobilisation, c’est une parenthèse féerique que nous partageons avec des amis », raconte-t-il. Anna, qui termine ses études, complète : « On voit de plus en plus de camarades de classe partir au front. D’autres se cachent et ne donnent plus de nouvelles. Cela devient trop dur, presque absurde… Ce genre de soirée permet d’oublier le quotidien. »

Dans la troupe d’artistes, la fête va se prolonger une partie de la nuit pour célébrer le succès de cette première. Quelques-uns viennent de recevoir leur ordre de mobilisation. « On va profiter d’eux comme si la guerre n’existait plus. Même s’il n’est pas sûr qu’ils partent au front, ils doivent se présenter. Après on verra. Mais trop de gens sont morts ou reviennent complètement brisés », nous confie Oleg, un chanteur qui participera à la prochaine représentation.

L’âge de mobilisation débattu

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