Malgré une offre électrique qui s’étoffe (en 2024, +85 % par rapport à 2023 vs. +2 % pour les thermiques, selon les chiffres de la Centrale) et des prix en baisse sur ce segment, les motorisations thermiques ont les préférences d’une majorité de Français. C’est le résultat d’un sondage Ifop pour La Centrale que Le Figaro dévoile en exclusivité ce mercredi 4 juin.
À prix équivalents, seuls 13% des Français déclarent qu’ils choisiraient un véhicule électrique immédiatement et 24% envisageraient de le faire mais en attendant quelques années. Au total, 37% des Français sont donc ouverts à l’électrique à court ou moyen terme. «L’achat de véhicules électriques marque le pas, certes en raison du prix élevé de ces modèles. Mais la question du prix n’est manifestement pas le seul frein», analyse à cette vue Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’Ifop.
Les freins culturels subsistent
D’autres sondages que nous nous sommes procurés, reflètent notamment un manque de visibilité sur les coûts réels de possession d’un véhicule électrique d’occasion. Une étude Kantar pour La Centrale révélait en avril que 58% des acheteurs potentiels s’inquiétaient du prix élevé du remplacement de la batterie. Mais de la différence de prix avec les véhicules thermiques (58% des répondants) et de l’incertitude sur l’état ou la durée de vie de la batterie (55%). Au total, 60% des Français jugent complexe, anxiogène ou chronophage l’achat d’un véhicule d’occasion, selon une autre étude Kantar pour La Centrale réalisée en avril 2024.
Ces études révèlent tout de même un paradoxe, ou plutôt de forts marqueurs sociaux. Nous observons également grâce à l’Ifop que la proportion d’individus prêts à la voiture électriques progresse nettement chez les jeunes adultes (47% des 18-24 ans, 53% des 25-34 ans), les catégories socio-professionnelles aisées (50%) et les Franciliens (50%). Au global, et malgré la défiance, l’intérêt pour la voiture électrique grandit. Les vues sur les annonces de véhicules électriques d’occasion de La Centrale ont augmenté de 90% en 2024 et de 115% en 2025 par rapport à 2023.
Selon Anaïs Harmant, directrice marketing de La Centrale, ces résultats révèlent un certain «frein culturel» sur «un marché qui est peu mature». Elle établit d’ailleurs un parallèle intéressant avec l’évolution des comportements bancaires : «il y a quelques années, les gens regardaient leur compte en banque sur leur ordinateur en pensant que c’était plus sécurisé que sur leur mobile. Aujourd’hui, cela paraît incongru».
La réticence au changement ?
Les changements technologiques suivent toujours le même schéma, témoigne celle qui a également travaillé pour Microsoft. «Pour le numérique, le shift (la bascule, NDLR) a pris une dizaine ou quinzaine d’années. Pour l’électrique, ce sera pareil, je ne suis pas surprise par les chiffres actuels», explique-t-elle. Et puis, pour le marqueur social révélé par l’étude, «quand vous êtes dans la Creuse avec deux enfants, vous ne vous posez pas les mêmes questions que l’étudiant à Nanterre qui prend le RER», illustre Anaïs Harmant.
«Dans ce contexte, l’achat de véhicules hybrides apparaît comme un compromis acceptable et envisageable à mi-chemin entre les véhicules thermiques et les véhicules électriques», explique Jérôme Fourquet. Une analyse qui se retrouve dans les chiffres de La Centrale : l’hybride représente 12% du marché de l’occasion contre seulement 4% pour l’électrique.