« Un antisionisme exacerbé et hystérisé » : vives tensions entre le producteur d’Amir et LFI, qui appelle au boycott du chanteur
Le collaborateur de l’artiste français d’origine israélienne a répondu à un communiqué partagé par Cécile Beaudouin, candidate LFI à la mairie de Brest, dans lequel elle accusait le chanteur d’avoir « participé à la colonisation illégale en Palestine ».
Passer la publicité Passer la publicitéBien malheureux Amir, qui se retrouve, trois mois après l’appel au boycott de ses concerts et une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, confronté à une nouvelle polémique qui le dépasse. Mercredi 5 novembre, Cécile Beaudouin, militante LFI et candidate à la mairie de Brest pour les élections de 2026, a exigé que l’Arena de Brest, où s’est produit le chanteur jeudi soir, « procède d’urgence à la déprogrammation » du concert. Motif ? « Amir a participé à la colonisation illégale en Palestine au sein de l’armée israélienne et s’en vante tout le temps, disait-elle. Il a contribué financièrement et médiatiquement au soutien de la police aux frontières israéliennes. »
Ce midi, sur les antennes de BFMTV, la militante est revenue sur ses déclarations, expliquant qu’elles représentaient « une expression politique pour un concert qui était politique, même si on ne veut pas le reconnaître ». La veille, le producteur du chanteur, Antoine Gouyffes-Yann, a pris la parole dans les colonnes du Parisien pour dénoncer une campagne de « harcèlement numérique » liée à « un antisionisme exacerbé et hystérisé qui frôle de plus en plus avec un antisémitisme assumé » de la part de La France Insoumise.
Passer la publicité« Amir n’a jamais été combattant de l’armée »
« Dans son communiqué de presse, LFI l’appelle Amir Haddad, alors que l’on sait très bien que son nom de scène c’est Amir et que jamais son patronyme n’est utilisé dans sa carrière en France, a regretté le patron du label. Pourquoi préciser Haddad, si ce n’est pour bien souligner la judéité de l’artiste, d’insister sur son nom hébraïque ? Ce n’est pas possible qu’un parti politique qui se dit de gauche ait autorisé un tel texte. »
Antoine Gouyffes-Yann, qui confie que son client a reçu des insultes antisémites à la suite de la publication du communiqué de Cécile Beaudouin, assure qu’Amir « ne s’est jamais fait le porte-parole du gouvernement israélien et appelle à la paix, il n’y a donc aucune justification à ce texte odieux ».
Amir est venu là parce qu’il a été programmé comme chanteur de bal et que la dimension politique de l’événement lui était inconnue
Antoine Gouyffes-Yann, producteur d’Amir
La militante LFI lui reprochait notamment d’avoir participé, en 2014, à un événement organisé par la colonie de Hébron - illégale au regard du droit international. Mais aussi de s’être produit lors d’une soirée de Tsahal organisée par Yoni Chetboun, figure d’un parti nationaliste d’extrême droite. « Il est venu là parce qu’il a été programmé comme chanteur de bal et que la dimension politique de l’événement lui était inconnue, a tenu à rappeler, une nouvelle fois, le producteur. Il est venu parce qu’il fallait chanter, comme il chantait dans des bar-mitsvah, dans des événements privés. [...] Amir n’a jamais été combattant de l’armée. Il a fait son service militaire comme 100 % des Israéliens. »
Pas de quoi changer l’opinion de Cécile Beaudouin, toujours convaincue ce vendredi, sur BFMTV, qu’Amir « a eu un rôle au sein de l’armée israélienne ». « Il dit qu’il ne savait pas que ces gens étaient d’extrême droite, mais on ne prendrait pas au sérieux quelqu’un qui va à un concert de soutien à Jordan Bardella », déclare-t-elle sur le plateau.
Amir ne portera pas plainte
Dans son entretien avec Le Parisien, Antoine Gouyffes-Yann regrette que l’image du chanteur soit aujourd’hui ternie par des mots « violents », alors que « le discours de l’artiste tourne autour de la paix entre les deux peuples, et qu’il porte des thématiques de fraternité et de concorde ». Il reproche, par ailleurs, à LFI d’utiliser les « procédés de la vieille extrême droite antisémite ». « Je suis en colère de voir que des élus, censés respecter les lois de la République, participent à des fake news, mettent une cible dans le dos d’un artiste de confession juive, et créent une ambiance délétère, irrespirable, déplore le producteur. Un jour, il va y avoir un drame et ces personnes en porteront l’entière responsabilité. »
À lire aussi La chanteuse Yoa refuse de partager l’affiche avec Amir : pas d’année blanche pour le signalement de vertu
Passer la publicitéMalgré les pressions des mouvements propalestiniens et de l’extrême gauche française, Amir ne compte pas porter plainte. « Son sentiment général, c’est qu’il ne veut pas donner d’importance à ces personnes », déclare Antoine Gouyffes-Yann. L’artiste préfère se concentrer sur les premières dates de sa tournée où « tout se passe très bien avec des gens conquis et un public heureux, loin de la haine des réseaux sociaux ». Il se produira demain soir à Chartres dans une salle comble, avant de prendre la direction du Zénith de Strasbourg le 13 novembre. Il ira ensuite à Reims et Metz, puis à Paris, le 6 décembre, où il se présentera devant quelque 20 000 spectateurs à l’Accor Arena.