La milice Wagner annonce quitter le Mali et l'organisation russe Africa Corps prend la relève
C'est un changement de bannière plus qu'un changement d'ère. Actif depuis la fin 2021 au Mali, le groupe paramilitaire Wagner a annoncé vendredi 6 juin, sur sa chaîne Telegram, qu'il mettait un terme à ses opérations dans le pays : "Mission accomplie. La PMC Wagner rentre à la maison". Quelques mots pour acter le départ de la compagnie militaire privée, qui opérait ces dernières années en masquant, pour la forme, ses liens avec Moscou.
L'activité est vouée à se réduire depuis la mort du chef et fondateur du groupe, Evgueni Prigojine, tué en août 2023 dans des circonstances très suspectes, avec le crash d'un avion, deux mois seulement après la tentative de rébellion de ses troupes en direction de Moscou, et alors que la milice avait pris un poids considérable, au point d'inquiéter le Kremlin. Les autorités russes avaient alors proposé à ses combattants d'intégrer l'armée ou la garde nationale, et de passer sous la tutelle, officielle cette fois, du ministère de la Défense.
Africa Corps, la relève, active depuis 2023
Le Mali était l'un des derniers pays d'Afrique ou le commando Wagner était actif, mais son départ ne signifie pas, bien au contraire, la fin de la présence russe dans la région. C'est plutôt une forme de normalisation ou d'institutionnalisation du soutien de Moscou à la junte au pouvoir, avec une autre structure amenée à prendre la relève, baptisée Africa Corps.
Constituée en grande majorité d'anciens membres de Wagner, Africa Corps est une organisation apparue fin 2023, quelques mois après la tentative de mutinerie des hommes de Prigojine. Et son nom reprend à l'identique celui du corps expéditionnaire de l'Allemagne nazie en Afrique du Nord, dirigée par le général Rommel, ce qui peut sembler curieux quand la propagande russe ne cesse de répéter son intention de "dénazifier" l'Ukraine.
Formation de l'armée malienne et livraisons d'armes
Là où le groupe Wagner opérait avec une certaine autonomie, et en niant sans convaincre ses liens avec le Kremlin, Africa Corps est directement placée sous la coupe du ministère russe de la Défense, dont le vice-ministre supervise et pilote ses activités en Afrique. Le groupe y assure la coopération militaire décidée par Moscou avec des régimes comme la junte au pouvoir au Mali.
Il devrait ainsi mener des activités de formation auprès d'une armée malienne toujours en souffrance dans le nord du pays dans sa lutte contre les séparatistes et les groupes jihadistes (de ce point de vue, la mission de Wagner est loin d'avoir donné des résultats probants). Un soutien au régime de Bamako qui s'est aussi traduit par d'importantes livraisons d'armes ces derniers mois.
Libye, Niger... Les mercenaires russes en Afrique
Trois ans après le départ des troupes françaises de l'opération Barkhane, Africa Corps doit consolider la stratégie de développement militaire du Kremlin sur le continent africain, où ses mercenaires sont également présents au Burkina Faso, en Libye, en République centrafricaine ou au Niger. Dans sa panoplie, Moscou n'oublie pas l'aspect financier, avec la poursuite de l'exploitation des activités minières, qui étaient gérées par des miliciens de Wagner. L'exploitation des mines d'or aide notamment à renflouer des caisses vidées par la guerre en Ukraine.