Face à la menace des taxes, le Mexique extrade 29 narcotraficants vers les États-Unis

Face aux menaces douanières de Donald Trump, le Mexique a décidé jeudi 27 février d'extrader 29 narcotrafiquants présumés, dont Rafael Caro Quintero, poursuivi depuis 40 ans par Washington pour l'assassinat d'un de ses agents anti-drogue au Mexique en 1985.

Envoyé à New York, Rafael Caro Quintero, 72 ans, a été pendant quatre décennies l'un "des fugitifs les plus recherchés par la DEA", s'est félicité un responsable de l'agence anti-drogue américaine dans un communiqué du Département américain de la Justice (DOJ), se félicitant du nouveau rapport de force instauré par le président américain.

Les 29 extradés mexicains risquent la prison à vie pour une série de crimes aux États-Unis (trafic de drogues, meurtre, usage d'armes, blanchiment d'argent), d'après le DOJ. Caro Quintero et cinq autres risquent même la peine de mort, d'après le communiqué. Le traité d'extradition interdit cependant l'exécution de la peine de mort, selon les garanties données par les États-Unis au Mexique.

Caro Quintero est poursuivi "pour son implication présumée dans l'enlèvement et le meurtre" de l'agent spécial de la DEA Enrique "Kiki" Camarena en 1985 au Mexique, indique le site du FBI. D'origine mexicaine, "Kiki" Camarena avait été enlevé, torturé et tué par le cartel de Guadalajara, comme le raconte la série Netflix "Narcos Mexico".

"C'est également une victoire pour la famille Camarena", indique le DOJ dans un communiqué.

Caro Quintero avait été arrêté le 15 juillet 2022 après avoir été libéré en 2013 pour vice de forme par un juge mexicain.

Le Mexique a également extradé Antonio Oseguera Cervantes, frère de Nemesio Oseguera Cervantes, leader du cartel Jalisco Nueva Generacion. Ont également été extradés les frères Miguel Angel et Oscar Omar Trevino, du cartel "Z", qui a opéré le long de la frontière avec des méthodes particulièrement barbares.

La Maison Blanche "dans une position de force"

Plusieurs des narcotrafiquants extradés appartiennent aux cartels mexicains placés par Donald Trump la semaine dernière sur une liste de huit organisations "terroristes" qui menacent les États-Unis.

"Comme le président Trump l'a dit clairement, les cartels sont des groupes terroristes et ce département de justice est engagé dans la destruction des cartels et des gangs transnationaux", a déclaré dans le communiqué la ministre américaine de la Justice, Pam Bondi.

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Le communiqué se félicite du fait que la Maison Blanche "négocie dans une position de force". L'annonce de ces extraditions groupées exceptionnelles intervient sous la pression du président américain, qui menace de taxer à 25 % les importations mexicaines à partir du 4 mars, estimant que Mexico n'en fait pas assez dans la lutte contre le trafic de drogue et l'immigration illégale.

Plus de 80 % des exportations mexicaines partent vers les États-Unis.

L'extradition "s'inscrit dans le cadre des travaux de coordination, de coopération et de réciprocité bilatérale, et dans le respect de la souveraineté des deux nations", assure le communiqué des autorités mexicaines (parquet et du secrétariat de la Sécurité).

Le secrétaire mexicain aux Affaires étrangères a rencontré le secrétaire d'État américain Marco Rubio, de la Défense Pete Hegseth et la ministre de la Justice Pam Bondi à Washington, jeudi 27 février.
Le secrétaire mexicain aux Affaires étrangères Juan Ramon de la Fuente a rencontré le secrétaire d'État américain Marco Rubio, le secrétaire de la Défense Pete Hegseth et la ministre de la Justice Pam Bondi à Washington, jeudi 27 février 2025. © Ting Shen, AFP

Une partie du gouvernement mexicain se trouvait à Washington ce jeudi pour une rencontre avec le secrétaire d'État de Donald Trump, Marco Rubio et d'autres membres de l'administration Trump.

Les autorités mexicaines ont annoncé à cette occasion des "actions coordonnées" avec les États-Unis contre la drogue et les armes.

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L'objectif consiste à "réduire (le nombre de) morts dans les deux pays dus à la consommation de fentanyl illégal" aux États-Unis et "à l'utilisation des armes à feu vendues illégalement" au Mexique, a indiqué le communiqué du Secrétariat (ministère) mexicain des Affaires étrangères.

Avec AFP