Présidentielle en Équateur : un second tour en pleine crise sécuritaire

Le président sortant Daniel Noboa et son opposante de gauche Luisa Gonzalez s'affrontent dimanche lors du second tour de la présidentielle en Équateur, un pays profondément divisé et miné par la violence liée au trafic de drogue.

Mme Gonzalez, avocate de 47 ans, aspire à devenir la première femme à diriger le pays. Daniel Noboa, entrepreneur millionnaire de 37 ans, espère gouverner quatre ans de plus, après avoir gagné par surprise les élections anticipées d'octobre 2023 convoquées par son prédécesseur Guillermo Lasso pour éviter une procédure de destitution.

Ces dernières années, le pays andin de 18 millions d'habitants a connu une transformation brutale. Ses ports sur le Pacifique, son économie dollarisée et sa position entre Colombie et Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, ont fait de l'Équateur un lieu clé de transit et de stockage de la drogue.

Un meurtre par heure

Les gangs rivaux y ont fleuri, faisant exploser le taux d'homicides. Le début d'année 2025 est le plus sanglant depuis l'existence de statistiques à ce sujet: une personne est assassinée chaque heure dans le pays. Jadis considéré comme un havre de paix dans une région troublée, «l'Équateur est devenu le pays le plus violent d'Amérique du Sud», relève Christophe Ventura, spécialiste de l'Amérique latine à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Samedi, le gouvernement a décrété un état d'urgence de 60 jours et instauré des couvre-feux nocturnes dans les régions les plus touchées par la violence.«Il y a de la délinquance, il y a de la drogue, des crimes, des extorsions», énumère tristement Alfredo Cucalon, guide touristique à Guayaquil (ouest), capitale économique devenue plaque tournante du trafic de drogue, notamment vers l'Europe et les Etats-Unis. «Nous espérons que ce dimanche, les choses vont enfin s'arranger, qu'on nous laissera travailler en paix et que le calme reviendra», déclare à l'AFP Marcelo Salgado, 61 ans, gérant d'une cafétéria à Quito.

Équateur : des affrontements entre gangs en pleine rue font sept morts

Les deux candidats ont terminé le premier tour de février au coude-à-coude, avec un écart de moins de 1%. Surpris d'être ainsi talonné, Daniel Noboa a dénoncé de «nombreuses irrégularités». La mission électorale de l'Union européenne a assuré n'avoir pas observé «le moindre type de fraude».

Les 13,7 millions d'électeurs concernés par le vote obligatoire sont appelés aux urnes pour le second tour de 07H00 à 17H00 locales (12H00 à 22H00 GMT). De l'avis de plusieurs observateurs, jamais le pays n'avait été aussi polarisé depuis le retour à la démocratie à la fin des années 1970. Quel que soit le vainqueur, le pays se réveillera divisé. «Si l'écart est très faible, (le gouvernement) débute avec un problème. Il a presque la moitié du pays contre lui», souligne le politologue Simon Pachano, de l'université Flacso.