Police armée à Saint-Nazaire : Écologistes et Insoumis dénoncent une décision verticale et «électoraliste»
«20 ans après le sarkzoysme sécuritaire, les mêmes recettes produiront les mêmes échecs», se désole le député insoumis Matthias Tavel, après la volte-face de la mairie socialiste en faveur du port d’armes létales par ses policiers municipaux.
Passer la publicité Passer la publicitéL’annonce a fait l’effet d’une déflagration chez les Écologistes et les Insoumis de Saint-Nazaire. Ni les uns, ni les autres ne s’attendaient à la conversion surprise du premier magistrat de la cité portuaire, le socialiste David Samzun, à l’octroi d’armes létales à la police municipale. Présentée jeudi dernier, la mesure devrait être effective en 2026, le temps d’équiper et de former la vingtaine d’agents de l’unité. D’ici là, le sujet alimente d’ores et déjà l’amertume de l’opposition locale de ce bastion de la gauche avec vue sur l’Atlantique.
Moins de 24 heures après l’annonce de David Samzun, une première passe d’armes a agité, vendredi 4 avril, les délibérations du conseil municipal. L’édile a été pris à partie par le groupe Ensemble, solidaires et écologistes, qui s’est étonné de l’irruption de cette mesure, en pleine mission d’information confiée à l’opposition, pour évaluer la politique menée en matière de tranquillité publique. «Vous venez clore le débat, ou du moins le perturber fortement», a reproché au maire l’élu municipal Philippe Caillaud.
Une «décision solitaire et démagogique»
Également membre du groupe d’opposition écologiste, le conseiller municipal et communautaire Gwenolé Péronno confie être tombé des nues en apprenant la volte-face de David Samzun sur la question des armes létales. Il regrette pour Le Figaro une «décision inacceptable et unilatérale, prise par un cercle restreint de personnes, sans l’aval de ses électeurs». «Ce n’est pas parce qu’un nombre croissant de collectivités empiète sur une compétence régalienne que nous devons faire la même chose», ajoute-t-il, en pointant par ailleurs le caractère «électoraliste» de la manœuvre, dégainée à moins d’un an des prochaines élections municipales.
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Député La France insoumise de Saint-Nazaire depuis 2022, Matthias Tavel dénonce également une «décision solitaire et démagogique», un fait du prince adopté «sans débat ni vote du conseil municipal». Sollicité, l’élu soutient qu’armer les agents municipaux d’armes létales «revient à acter le recul de l’État et la transformation de la police municipale en supplétif de la police nationale au lieu de cultiver la spécificité de ce service public municipal de tranquillité publique». Soit une démarche empruntée, selon lui, aux valeurs de la droite. Un comble pour la citadelle ouvrière de Saint-Nazaire, historiquement ancrée à gauche. «20 ans après le sarkzoysme sécuritaire, les mêmes recettes produiront les mêmes échecs», clame le député insoumis.
Le maire de Saint-Nazaire avait confié à Ouest France, lors de son annonce, avoir «toujours été très hésitant» sur le dossier de l’armement létal des policiers municipaux. Aucune trace de ces anciens tiraillements n’a cependant refait surface, vendredi, au moment de recadrer son opposition. «J’assume mes responsabilités», a rétorqué David Samzun, en dissociant sa décision de la mission d’information confiée aux écologistes. «Je ne vais pas vous attendre pour savoir ce que j’ai à faire.» Après Bordeaux, Saint-Nazaire est la seconde grande ville de la façade atlantique, aux mains de la gauche, à avoir pris - ces six derniers mois - la décision d’armer sa police municipale.