«Nous sommes à un moment de vérité»: Michel Barnier presse les droites européennes d’assumer une ambition de puissance mondiale

Michel Barnier à Valence, mercredi 30 avril, prend la parole lors du 29e congrès du Parti populaire européen. D.R.

Depuis l’Espagne, l’ex-premier ministre a insisté sur la nouvelle donne internationale en pressant les droites européennes à rester «très calmes» face aux États-Unis et à la Russie, tout en ouvrant la voie à une nouvelle coopération avec la Grande-Bretagne.

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«Nous sommes à un moment de vérité.» Mercredi matin, au troisième et dernier jour du 29e congrès du Parti populaire européen (PPE) organisé à Valence en Espagne, Michel Barnier a pris la parole publiquement, dans le prolongement d’une résolution sur une Europe de l’opportunité et de la force. Intervenant au nom de la délégation française des Républicains (LR), présidée par François-Xavier Bellamy, l’ex-premier ministre a voulu sensibiliser les représentants des droites européennes sur le caractère inédit de la situation géopolitique.

«Décisions erratiques»

«C’est la première fois depuis le début de l’Union européenne [UE] que deux très grands pays, la Russie d’un côté et les États-Unis d’Amérique de l’autre, ne comprennent pas et ne soutiennent pas nos projets européens.» Face à des «décisions erratiques qui bouleversent l’ordre du monde», Michel Barnier a invité les Européens du PPE à rester «très calmes» et à se tenir «prêts à riposter de manière raisonnée et proportionnée».

Rappelant, comme il l’avait déjà dit, que les États-Unis restaient des alliés de l’UE et qu’il fallait penser sur le temps long au-delà de l’administration Trump, il a ensuite commenté la relation actuelle entre l’Europe et les deux puissances étrangères en termes très critiques : «Monsieur Trump est entouré de millionnaires, de milliardaires et de spéculateurs. Il ne nous aime pas et ne comprend pas l’UE parce que nous sommes un pôle de stabilité, de gouvernance et de régulation qui empêche un certain nombre de spéculateurs de faire leur travail tranquillement.» Du côté de la Russie, Michel Barnier identifie une autre adversité, décrite sur le même ton. «Monsieur Poutine agresse de manière inacceptable et injustifiable un pays comme l’Ukraine. Lui aussi ne nous aime pas depuis longtemps parce que l’UE constitue un pôle d’attractivité démocratique.»

Pour l’orateur LR, le moment est venu pour les Européens de dire leur «ambition d’être une puissance mondiale» qui s’assume, de ne pas «décevoir les grands marchés» et de défendre le marché unique comme «principal atout».

«Porte ouverte» aux Britanniques

Avant de conclure sa brève intervention, l’ex-négociateur en chef du Brexit a insisté sur la nécessité d’entretenir une bonne relation avec la Grande-Bretagne, évoquant même la possibilité d’un retour des Britanniques dans l’UE. «Ils sont sortis du marché unique, c’est leur choix. Ils pourront revenir s’ils le veulent. La porte est ouverte. Mais en attendant, nous devons préserver l’intégrité du marché unique mais tendre la main aux Britanniques.»

Michel Barnier a évoqué une liste de sujets sur lesquels des coopérations lui semblent importantes, tels que la défense, la sécurité, l’énergie, la coopération en Afrique ou l’intelligence artificielle. «Nous devons bâtir une nouvelle coopération», a conclu l’expert européen de la droite, sous les applaudissements.