Zone démilitarisée, neutralité : JD Vance esquisse le plan de Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine «en 24 heures»

Zone démilitarisée, neutralité : JD Vance esquisse le plan de Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine «en 24 heures»

Donald Trump et JD Vance lors d’une cérémonie marquant le 23e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Mike Segar / REUTERS

Dans un entretien, le colistier de Donald Trump a évoqué l’instauration d’une zone démilitarisée sur l’actuelle ligne de front, ce qui revient à imposer des concessions territoriales à l’Ukraine.

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Donald Trump a affirmé que s’il était élu, il parviendrait «avant même de devenir président» à mettre fin à la guerre en Ukraine «en 24 heures». «J’ai un plan très précis»a récemment déclaré le candidat républicain, sans dévoiler précisément ses propositions, laissant entendre que rendre publique sa stratégie l’affaiblirait dans les négociations.

Interviewé à son tour sur le podcast Shawn Ryan Show cette semaine, son colistier JD Vance a cependant esquissé quelques pistes. Dans les grandes lignes, l’administration Trump prévoirait d’abord l’instauration d’une «zone démilitarisée» sur le territoire ukrainien, le long de la ligne de front. 

Le règlement pacifique du conflit «ressemble probablement à la ligne de démarcation actuelle entre la Russie et l’Ukraine qui deviendrait une sorte de zone démilitarisée», a affirmé le sénateur républicain de l'Ohio sans préciser si cette zone devrait être établie également sur le territoire russe de Koursk, où l’Ukraine a entrepris une offensive cet été. Cette zone démilitarisée serait «fortement fortifiée pour que les Russes n’envahissent pas à nouveau le pays», a ajouté le candidat à la vice-présidence. 

Cette option trancherait nettement avec la politique de Joe Biden qui a promis, aux côtés des alliés européens, d’assister militairement l’Ukraine pour l’aider à repousser l’envahisseur russe et rétablir l’intégrité de ses frontières, puisqu’elle inclurait pour le coup des concessions territoriales pour aboutir à la paix, la Russie occupant actuellement 18% du territoire ukrainien.

L’Ukraine en dehors de l’Otan

Autre concession majeure : l’intégration de l’Ukraine dans l’alliance Atlantique, promesse déjà formulée par les Occidentaux «à long terme». Dans le cadre d’un tel plan de paix, l’Ukraine maintiendrait son indépendance en échange d’une garantie de neutralité et ne pourrait donc pas rejoindre l’Otan ou d’autres «institutions alliées». Le sénateur républicain a aussi précisé que, pour convaincre Kiev, Trump ne se priverait pas de conditionner ces mesures aux nouvelles aides militaires. «La politique de Donald Trump est oui, soyez fort, mais soyez aussi intelligent. Négociez», a dit JD Vance avançant que de toute façon même les Ukrainiens ne croyaient plus pouvoir gagner la guerre.

Sur le fond, le colistier de Donald Trump a répété qu’il était «faux» de considérer cette guerre comme «la grande cause humanitaire de notre époque» refusant de voir le conflit comme un combat entre «le bien et le mal». «Dans un tel état d’esprit de conte de fées, il est possible de justifier un tas de mauvaises décisions», a-t-il affirmé ajoutant que la Russie «n'aurait pas dû envahir l'Ukraine» et que les «Ukrainiens ont aussi beaucoup de problèmes de corruption».

«Tout cela a beaucoup à voir avec l’argent, soyons honnêtes», a avancé JD Vance : «l'Ukraine est un pays très riche en ressources [...] et c’est la raison pour laquelle les Russes sont intéressés, les Européens sont intéressés et certainement beaucoup d'investisseurs américains».

«Marre de gâcher des vies américaines»

À ce propos, JD Vance a lâché à nouveau une pique à l’Europe qui a «sous-financé cette guerre alors que les contribuables américains ont été très généreux», reprenant l’accusation formulée régulièrement par Donald Trump, et dernièrement à l’occasion du débat électorale face à Kamala Harris.

Les États-Unis sont aussi trop généreux dans la vie de ses soldats, a aussi affirmé JD Vance affirmant qu’il y avait «beaucoup de risques» à encourager les Ukrainiens à reprendre la Crimée. «La question est : combien de vies américaines cela coûterait-il ?», a-t-il dit suggérant que des soldats américains seraient engagés en Ukraine. «Si la réponse est supérieure à zéro, alors je me retire, j’en ai marre de perdre des vies américaines en étant le gendarme du monde».

Comme le rapporte le Washington Post, le bureau de campagne de Kamala Harris a dénoncé «un plan de reddition» en renvoyant aux propos de la candidate démocrate qui déclarait en juin que Poutine «n'appelait pas à des négociations» mais «à la reddition». «Trump ne dira pas qu'il veut la victoire de l'Ukraine parce qu'il soutient Vladimir Poutine», a aussi déclaré Morgan Finkelstein, porte-parole de la campagne de Kamala Harris. 

Pour la candidate démocrate, si l’Amérique se retire d’Ukraine, Vladimir Poutine aura «les yeux rivés sur le reste de l'Europe et nos alliés de l'Otan, à commencer par la Pologne. Les dictateurs du monde entier seraient enhardis et le monde serait plus dangereux», a-t-elle aussi déclaré.