Toujours emprisonné, Boualem Sansal reçoit le Prix mondial Cino Del Duca
C’est un symbole fort. Le Prix mondial Cino Del Duca a été remis ce mercredi matin, à 8 heures, à Boualem Sansal, toujours emprisonné en Algérie depuis le 16 novembre 2024. C’est l’une des plus grandes récompenses littéraires financée par la Fondation Simone et Cino Del Duca avec l’Institut de France, et l’une des plus dotées, juste derrière le Prix Nobel de littérature, 200.000 €.
C’est un symbole fort, aussi, parce que le jury qui le remet émane de l’Institut de France, il est présidé par Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, et composé de quatorze membres dont douze de l’Institut. Quant au Comité de la Fondation, il est présidé par l’académicien Xavier Darcos, Chancelier de l’Institut de France.
Le jury rend hommage à sa «parole libre, profondément humaniste et résolument nécessaire»
Le jury a tenu à exprimer les raisons de son choix, et s’est appuyé sur trois arguments forts : littérature, liberté, engagement. Le communiqué souligne ainsi que « Ce prix rend hommage à la force d’un écrivain qui, par-delà les frontières et les censures, continue de faire entendre une parole libre, profondément humaniste et résolument nécessaire. Romancier majeur de la scène francophone, Boualem Sansal s’est imposé au fil des années comme une voix incontournable de la littérature contemporaine. Avec un courage rare et une plume d’une grande élégance, son œuvre traduit son engagement indéfectible envers notre langue commune et les valeurs qu’elle porte. » Il est ajouté que, par ce choix, le jury rappelle son attachement à la liberté de création et de publication, à la protection de la vie culturelle et du débat intellectuel.
Créé par Simone Del Duca en 1969, soit deux années après la mort de son mari Cino, grand éditeur et patron de presse italien, le Prix mondial vient couronner la carrière d’un auteur français ou étranger dont « l’œuvre constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d’humanisme moderne ».
Boualem Sansal rejoint un palmarès des plus prestigieux, et, au moins un ami, puisque Kamel Daoud en a été le lauréat lors de l’édition 2019. Il sera en bonne compagnie, avec, entre autres, des contemporains tels que Patrick Modiano, Mona Ozouf, Andreï Makine, Yasmina Reza, Haruki Murakami, Joyce Carol Oates, et tant d’auteurs qui ont marqué leur temps : Jean Anouilh, Léopold Sédar Senghor, Jorge Luis Borges, Milan Kundera, Mario Vargas Llosa, Ismaïl Kadaré…
En plus de son président, Amin Maalouf, le jury est composé de Dominique Bona, Daniel Rondeau, Sylviane Agacinski, Michel Zink, Jean-Noël Robert, Bernard Meunier, Patrick Flandrin, Muriel Mayette-Holtz, Adrien Goetz, Rémi Brague, Pierre Brunel, Nicolas Baverez, Claudie Haigneré.