Où est passé Christophe Barbereau, professeur de philo disparu dans les montagnes du Pilat depuis deux semaines ?
Ils s’étaient levés de bonne heure pour sillonner le crêt de l’Œillon, baigné d’un rayon de soleil frais rasant en ce samedi. Plus de 200 personnes ont participé à une battue dans le massif du Pilat (Loire) pour tenter de retrouver Christophe Barbereau, 44 ans, disparu depuis deux semaines. Ce professeur de philosophie, qui vit juste de l’autre côté du Rhône, à Reventin-Vaugris (Isère) a laissé un message d’encouragement à ses élèves et une lettre d’adieu à ses proches avant d’enfourcher sa moto le 11 mai dernier, en direction de ces moyennes montagnes qu’il aime tant. C’est la dernière fois qu’il a été aperçu.
Le lycée Ella Fitzgerald de Saint-Romain-en-Gal (Rhône), où il enseigne, a signalé sa disparition dès le lundi 12 mai. Durant le week-end, le professeur avait envoyé le reste du programme de Terminale à ses élèves par message électronique avant de leur souhaiter bonne chance pour le baccalauréat. Il avait aussi échangé avec ses proches, famille et amis, nombreux malgré le caractère solitaire du quadragénaire. Il évoquait joyeusement sa mutation prochaine, en Ardèche ou au Canada, lui qui avait dû renoncer à l’isolement de son chalet de Haute-Savoie pour obtenir sa titularisation de l’Éducation nationale dans le nord de la vallée du Rhône.
«Pas suicidaire»
«C’était une période heureuse, il était content de partir, retrace sa sœur, Noémie, auprès du Figaro. Il n’a jamais eu de paroles suicidaires. Cette lettre ne colle pas, il y parle de la mort mais il dit aussi qu’il est heureux, qu’il n’a eu que des bons souvenirs». Leur mère refuse de croire à un suicide. Noémie, elle, doute. «Il avait laissé sa maison ouverte, la lettre visible, mais pourquoi ne retrouve-t-on pas son corps ?», s’interroge-t-elle. Les gendarmes ont lancé un appel à témoins pour éclaircir les zones d’ombre, «nombreuses», selon Noémie. Avec son bébé et son mari, elle a quitté son domicile du Maine-et-Loire pour retrouver son frère.
À Reventin depuis quelques mois, cet amoureux de la nature vivait seul avec pour unique vue depuis sa fenêtre la nationale 7. Célibataire, sans enfants, il comblait son besoin de grands espaces par des randonnées dans le Pilat. Le quadragénaire est aussi ceinture noire de judo. Il poursuivait ici sa passion de l’enseignement de ce sport. «Il marquait ses élèves, en les formant à sa manière, avec ses valeurs», se souvient Noémie. De quoi expliquer, au-delà du mystère de cette disparition soudaine, la mobilisation pour retrouver le quadragénaire, très apprécié.
Disparition volontaire ?
Sa puissante moto BMW a été retrouvée dans un sentier du Pilat qu’il connaît bien, sur la commune de Doizieux. Pas son casque, ni son téléphone qui a continué à borner pendant plusieurs jours sans quitter le secteur. Les recherches importantes en hélicoptères et drones soutenues par des équipes cynophiles e l’organisation de battues menées par les gendarmeries de Vienne et Pélussin n’ont pas donné de résultat. Pas plus que la battue organisée samedi autour du rocher des Trois dents, un secteur apprécié de Christophe, et appuyée par les gendarmes de Pélussin.
L’enquête de gendarmerie se concentre désormais sur la ligne téléphonique et les comptes bancaires du quadragénaire. Les pistes d’un suicide ou d’une disparition volontaire sont privilégiées, indique au Figaro le lieutenant-colonel Florent Anfray, commandant la Compagnie de Vienne, en charge de l’enquête. L’intervention malveillante d’un tiers apparaît moins probable. «C’est un philosophe, normalement quand il dit quelque chose il le fait, juge sa sœur, mais le passage à l’acte est parfois plus compliqué. Peut-être qu’il n’a pas réussi et a continué à marcher jusqu’à l’épuisement, peut-être qu’il a écrit cette lettre pour nous dire de ne pas le chercher justement, et partir dans la nature.»
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Avec sa famille, elle continuera néanmoins les recherches. Un trail d’envergure est prévu dans le Pilat à l’occasion de ce week-end de l’Ascension. L’organisateur connaît Christophe, il devrait passer le message aux participants. Christophe Barbereau mesure 1,70 mètre. Il a les cheveux bruns et les yeux marron. Ses oreilles sont abîmées par la pratique du rugby. Toute personne l’ayant vu depuis le 11 mai est priée de contacter la communauté de brigades de gendarmerie de Saint-Clair-du-Rhône/Vienne au 04.74.56.37.00.