L’absence d’un ministre dédié à l’enfance est une faute politique

L’absence d’un ministère dédié est très regrettable à l’heure où les secteurs de la petite enfance et de la protection de l’enfance vivent des crises considérables. Les associations engagées sur ce domaine s’en sont d’ailleurs émues. 

Par cet oubli, François Bayrou commet la même faute politique que son prédécesseur sur la cause des personnes en situation de handicap.

L’annonce – d’ailleurs pour le moins tardive – par Emmanuel Macron de la mise en place d’un haut commissariat à l’enfance en janvier prochain constitue une première prise de conscience. Toutefois, ce dispositif paraît bien insuffisant au regard de la situation. Il devra le cas échéant être doté des moyens et des ambitions à la hauteur du sujet. 

En effet, Actuellement, les professionnels du secteur doivent faire face à un manque de moyens exacerbé par les restrictions budgétaires des collectivités, une crise de sens impactant les recrutements, un manque de solutions pour des jeunes toujours plus vulnérables, une précarité toujours plus forte… Il y a urgence ! 

Pourtant en dépit des alertes lancées par une commission d’enquête avortée par la crise institutionnelle & politique que traverse notre pays, par les associations du secteur, par les différents syndicats, par les jeunes et les familles, le gouvernement Bayrou n’a pas jugé utile de désigner un Ministre sur la question. 

Auparavant, Adrien Taquet, Charlotte Caubel, pour ne citer qu’eux sous les mandats Macron, ou jadis Laurence Rossignol sous le mandat de François Hollande, avaient assumé ces fonctions ministérielles pour faire face aux urgences, pour amorcer des textes de Loi, comme celle initiée par l’ancien Secrétaire d’Etat concernant la lutte contre les ruptures de parcours et les sorties sèches de l’aide sociale à l’enfance. 

Au delà, comment ne pas prendre la mesure de la symbolique : que signifie un État qui sous estime la protection de ses enfants ? 

Face aux disparités départementales, je propose la recentralisation de cette politique qui doit intégrer le champ des compétences régaliennes de l’Etat. Cela permettra(it) une égalité réelle dans le traitement des enfants quelque soit leur localisation sur le territoire national. 

Évoquer la protection des enfants, c’est aborder les domaines de la pédiatrie, de la pédopsychiatrie, de l’éducation, de la petite enfance, de la justice… Autant de sujets qui font la transversalité de cette compétence départementale, depuis les lois de décentralisation de 1982-1983. 

En effet, les conseils départementaux ont la charge de protéger les enfants en danger ou en risque de l’être mais doivent également assurer la prévention, en amont, en lien, avec les magistrats pour enfants.

Si la décentralisation présente des avantages considérables, comme la connaissance des territoires, les spécificités de ceux-ci et la mise en œuvre de politiques publiques plus ciblées, elle souffre d’une grande disparité entre les départements qui entrave cohésion et cohérence, – plus que jamais nécessaires-  pour la mise en œuvre de la politique d’action sociale.

 Devant l’ampleur de la tâche et l’urgence de réformer la protection de l’enfance, il semble nécessaire que l’État reprenne la responsabilité de l’enfance, et s’en porte garant. 

Il ne s’agit nullement ici de clamer que l’État fera(it) mieux que les départements, au contraire, mais d’entendre le besoin urgent de changement de méthode et d’incarnation régalienne sur un sujet aussi central pour notre société. 

Les difficultés connues se décuplent avec la crise des métiers du social, domaine qui manque de volontaires pour occuper les postes nécessaires, souvent exposés aux difficultés institutionnelles et à la violence sociétale, et qui manquent cruellement de valorisation tant socialement que pécuniairement.

Pourtant, grâce au travail de prévention et de mise en lumière effectué ces dernières années, notamment par les mouvements d’alerte, les situations sont de plus en plus signalées afin que les enfants soient davantage protégés.

Dans le contexte des derniers drames, les collectivités indiquent le manque de moyens prévus par le législateur pour mettre en œuvre des alternatives. Le sinistre du médico-social s’avère être une des prochaines grandes crises que notre société ait à traverser. Il paraît indispensable d’amorcer réflexion, travail et surtout vision à long terme. 

Il nous faut pour cela dépasser les effets de communication pour réfléchir, consulter et co-construire – dans une logique transpartisane – afin de tracer une ligne directrice tant attendue par les acteurs et la communauté parentale.

Il s’agit là d’un enjeu qui dans le contexte d’une assemblée morcelée pourrait trouver sa place, avec pertinence. 

L’enfance c’est l’avenir de nos générations futures, elle mérite donc notre engagement et notre mobilisation totale dès aujourd’hui !

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