Natation : «Nager pour nager ne me manque pas», confie Florent Manaudou
Si Florent Manaudou a replongé mercredi 11 juin dans une piscine olympique – en l’occurrence celle du Centre aquatique olympique (CAO) de Saint-Denis, il ne faut pas y voir un signe que le double médaillé de bronze des derniers Jeux de Paris 2024 va prolonger sa carrière. Non, il ne s’agissait là que de sa participation, en tant que membre de la Team EDF, à la 3e édition de la journée nationale de l’Académie de natation qui a pour ambition de faire évoluer l’enseignement de la natation pour lutter activement contre les noyades, première cause de mortalité chez les enfants de moins de 12 ans en France. D’ailleurs, c’est auprès de 250 enfants que le petit frère de Laure a réenfilé le maillot et le bonnet de bain.
Néanmoins, de le voir évoluer dans ce bassin, qui accueillera les Championnats d’Europe en 2026, ne pouvait pousser qu’à l’extrapolation. À laquelle a répondu le nageur de 34 ans : «Ce n’est pas que je n’ai pas envie de donner l’info mais je ne sais vraiment pas encore si je vais faire une dernière saison ou pas. Ce qui est sûr, c’est que si les Championnats d’Europe n’étaient pas à Paris l’année prochaine, je ne replongerais pas. Mais là, pourquoi pas, c’est un superbe écrin. On verra dans les mois qui viennent…» Impossible, pour le récent participant de l’émission Danse avec les stars, d’en dire plus sur le sujet.
En revanche, il est revenu plus en détail sur la dépression qui avait suivi les JO 2024 et qu’il avait évoquée dans le documentaire Santé mentale, briser le tabou diffusé sur M6 en affirmant : «Les gens me parlent des JO, qui étaient une parenthèse enchantée, dorée, joyeuse... Mais ça a eu une fin, et la fin a engendré une dépression donc quand on m’en reparle, ça me rappelle surtout que ça m’a mis mal après, donc je m’isole.» «Aujourd’hui, ça va mieux», confie-t-il au CAO de Saint-Denis. «Je suis heureux, avec des moments parfois un peu plus compliqués que d’autres parce que je n’ai plus ma routine de sportif de haut niveau, et celle-ci me tenait pendant ma carrière. Aujourd’hui, il y a des moments que je préfère car je n’ai plus à nager, et il y a des moments que j’aime moins car je ne nage pas. Comme dans tout, il y a du bon et du mauvais.»
C’est comme tout métier : quand vous vous levez tous les matins pour faire la même chose, il se crée forcément une forme de lassitude.
Florent Manaudou
Interrogé sur son quotidien, et sur la possibilité que la nation lui manque, le champion olympique du 50m nage libre de Londres 2012 ne manie pas la langue de bois. «Nager me manque-t-il ? En fait, je n’ai jamais vraiment aimé nager. Nager pour nager ne me manque pas. En revanche, d’avoir un projet qui me tient tous les jours me manque un peu, c’est vrai.» Un discours qu’il précise néanmoins, histoire d’être bien compris. «C’est quelque chose d’utilité publique que de savoir nager. Quand je dis que je n’aime pas nager, je le dis au sens que je n’aime pas le faire neuf fois par semaine pendant deux heures. Quand j’étais petit, je m’entraînais moins et je prenais beaucoup de plaisir à aller à la piscine le dimanche avec mon papa. J’aime bien être dans l’eau, et j’aime moins faire de la compétition pendant vingt ans si vous préférez. Mais c’est comme tout métier : quand vous vous levez tous les matins pour faire la même chose, il se crée forcément une forme de lassitude.» Celle-là contre laquelle il lutte désormais. Et qui pourrait le pousser à vivre une dernière grande compétition en France lors de l’été 2026 ?