Tottenham-Manchester United : comment ces deux cadors anglais ont sombré dans l’anonymat
Ils ont tellement chuté qu’ils regardent plus en bas qu’en haut au classement. Manchester United (13e, 29 pts) et Tottenham (14e, 27 pts) sont loin de la course à l’Europe en Premier League. Avant la 25e journée, les Mancuniens ont onze points de retard sur le top 6, et les Spurs n’en ont que dix d’avance sur la zone rouge. Un déclassement qui détonne outre-Manche, où les écarts de budget sont pourtant gigantesques.
Manchester United (780 M€) et Tottenham (665 M€) ont respectivement les 2e et 4e budgets de Premier League. À titre de comparaison, il y a plus d’écart entre les Spurs et le 7e club de leur championnat qu’entre le 2e (Marseille) et le dernier (Angers) de Ligue 1. Les Red Devils, eux, ont parfois jeté l’argent par les fenêtres, surpayant des recrues sur le mercato. «Cette époque est révolue», promettait Dan Ashworth, nouveau directeur sportif mancunien, l’été dernier. Des mots qui ne font pas écho aux performances de l’équipe.
«Peut-être la pire équipe de l’histoire de Manchester United»
Manchester a saisi la première occasion venue pour limoger son entraîneur Erik ten Hag fin octobre, et le remplacer par Ruben Amorim qui réalisait des miracles au Sporting Portugal. Mais la mayonnaise ne prend pas dans ce nouvel environnement, avec un mois de décembre cauchemardesque (5 défaites en 7 matches de Premier League) et un manque de consistance vertigineux à la vue de l’effectif.
«Nous sommes peut-être la pire équipe de l’histoire de Manchester United», a lâché Amorim après une défaite contre Brighton (3-1) en janvier. «Imaginez ce que ça me fait, à moi. Nous avons un nouvel entraîneur qui perd plus que le précédent. Je le sais parfaitement», s’est désolé le Portugais, conscient d’officier dans un club aux 20 titres de champion d’Angleterre, un record.
Infirmerie pleine à craquer à Tottenham
Tottenham ne peut pas en dire autant (2 fois champion, 24 trophées en tout), et n’a d’ailleurs plus rien gagné depuis une Coupe de la Ligue en 2008. Il n’en reste pas moins un club phare, finaliste de la Ligue des champions en 2019. Cette saison, les Spurs jouent souvent bien et laissent entrevoir du potentiel. mais une hécatombe de blessures les a récemment plombés. Courant janvier, ils ont compté jusqu’à une douzaine d’absents en simultané, concentrés en défense et même au poste de gardien, où le 3e dans la hiérarchie, Brandon Austin, a été amené à disputer trois matches.
L’entraîneur Ange Postecoglu a tiré la sonnette d’alarme lors du mercato : «Nous jouons en quelque sorte avec le feu en ne faisant venir personne.» Depuis, l’ancien défenseur lensois Kevin Danso et l’attaquant français Mathys Tel, prêté par le Bayern Munich, sont arrivés. Il y a urgence au club londonien, battu lors de 8 de ses 11 derniers matches de Premier League et dont la dernière recrue de renom, l’avant-centre Dominic Solanke (65 M€ en provenance de Bournemouth), ne convainc pas.
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Il y a la même rengaine récurrente à Old Trafford, où le maillot rouge des Red Devils semble peser une tonne sur les épaules. L’ancienne gloire Rio Ferdinand s’est dit tout sauf surpris que d’ex-Mancuniens soient meilleurs une fois partis. «Ils ont l’air de nouveaux joueurs dynamiques et tout parce qu’ils sont libérés de leurs chaînes. La pression d’Old Trafford, l’écusson, tout ce que ça comporte, n’est plus là et ils peuvent s’exprimer.»
Incapable de vivre avec son héritage, et à force de choix douteux, parfois impulsés par la très contestée famille Glazer, propriétaire du club, qui a certes laissé des parts au PDG britannique Jim Ratcliffe, Manchester United est rentré dans le rang. Il se console avec un parcours réussi jusqu’ici en Ligue Europa, comme Tottenham. Mais calmer l’aigreur des supporters passera par une remontée en Premier League, dans un pays très fier de son championnat. A défaut d’avoir grand-chose à espérer sportivement de leur duel à Londres ce dimanche (17h30), Spurs et Red Devils joueront justement une partie de leur fierté.