À Londres, des milliers de personnes manifestent contre la définition légale d’une femme selon la Cour suprême britannique

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés samedi à Londres pour la «défense des droits des personnes transgenres», trois jours après l’annonce par la Cour suprême britannique de sa décision de fonder la définition légale d'une femme sur le sexe biologique. Une délibération qui a conclu mercredi sept ans d’un affrontement entre le gouvernement écossais et l’association For Women Scotland.

Le premier considérait que les femmes transgenres titulaires ou non du GRC - le Gender Recognition Certificate, un certificat établissant que leur genre diffère de celui «assigné» à la naissance - avaient le droit aux protections assurées par la loi sur l’égalité aux femmes. Pour les secondes, ces protections ne pouvaient concerner que les personnes nées femmes. Les cinq juges devaient décider ce que la loi entend par «sexe» : le sexe biologique ? Le sexe légal ? Ce fut le biologique.

«La décision unanime de cette cour est que les termes femme et sexe dans la loi sur l’égalité de 2010 font référence à une femme biologique et à un sexe biologique», a proclamé Lord Patrick Hodge, vice-président de la Cour suprême, en rendant le verdict. «Mais, a-t-il tenu à ajouter, nous déconseillons de lire ce jugement comme un triomphe d’un ou plusieurs groupes de notre société au détriment d’un autre». Les manifestants de ce samedi à Londres l’ont en tout cas interprété comme une atteinte aux droits des personnes trans bien que La Cour ait assuré que le jugement ne diminuait pas les protections dont bénéficient ces dernières contre les discriminations ou le harcèlement.

«Aucune cour ne peut vous dire qui vous êtes» proclame la pancarte Chris J Ratcliffe / REUTERS

«Les femmes trans sont des femmes», «Les personnes trans ne sont pas l’ennemi», «Moi, un homme? La ferme!», indiquaient les pancartes brandies par les manifestants approchés par les équipes de l’AFP, pour la plupart âgés d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années et regroupés sur la place du Parlement à Londres.

«Tout dans ma transition va être plus compliqué», a affirmé Joe Brown, une femme trans de 29 ans en plein processus de changement de genre. À cause de la décision de la Cour suprême, elle pense que les enfants trans auront davantage «peur» de faire leur coming out. Elle craint aussi que les personnes trans «ne soient plus capables d'accéder aux services de santé».

Place du Parlement à Londres ce samedi Chris J Ratcliffe / REUTERS

Avery Greatorex, co-présidente de l’organisation Pride in Labour, explique que la manifestation a été organisée «pour mettre la pression sur le gouvernement et la population», afin qu’ils agissent pour «garantir les droits des personnes transgenres». Le même gouvernement, de centre-gauche et dirigé par Keir Starmer a, pour sa part, estimé que la décision apportait de la «clarté (...) pour les femmes et les prestataires de service tels que les hôpitaux, les refuges et les clubs sportifs».