Luis Enrique avant Brest-PSG : «C’est un match piège»
Comment aborder le retour face à Brest après la victoire 3-0 à l’aller : «Je ne suis concentré que sur ce match. À l’aller, on a fait un très bon résultat, on ne s’y attendait pas forcément. Mais ça présente des complications en vue du match retour parce que Brest, sur les deux dernières saisons, a déjà remonté un déficit de deux buts face à nous. C’est une équipe très bien construite, qui travaille bien et qui a des qualités, avec cette capacité à jouer de longs ballons et de récupérer les seconds ballons avec (Ludovic) Ajorque. Ils peuvent nous créer des problèmes. On oublie le résultat du match aller, même s’il est là et que c’est positif, et on ne pense qu’à ce match. Notre seul objectif est de gagner le match de demain (mercredi)».
Si l’expérience de la remontada, en 2017... contre le PSG, lui fait dire qu’aucune qualification n’est acquise d’avance : «Sans aucun doute. C’est un match piège. Malgré ce très bon résultat à l’aller, notre travail est de considérer que la victoire est obligatoire. L’ambiance sera comme d’habitude au Parc des Princes, un soutien inconditionnel. Dès la première minute, on se lancera dans la rencontre sans calcul, il n’y a rien à défendre, il faudra attaquer et défendre de manière totale et avec une énorme intensité.»
Détendu avant ce match retour : «Je ne suis jamais détendu avant un match de football, ce n’est pas dans mon ADN. Soit le PSG, soit Brest sera éliminé à la fin de la rencontre. C’est impossible d’être détendu.»
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Khvicha Kvaratskhelia ? Il n’y a pas de formule magique.
Luis Enrique
L’adaptation de Khvicha Kvaratskhelia : «Je suis satisfait. Il a besoin d’un temps d’adaptation. Il n’y a pas de formule magique, c’est compliqué de changer de pays, d’équipe, de langue, faire en sorte que ta famille s’adapte… Ça prend du temps. Mais je suis content de la manière dont il a été accueilli, la manière dont il se comporte et s’entraîne. C’est une recrue pour le long terme. On n’est pas pressé. Il y a un processus. On est dans ce processus.»
Warren Zaïre-Emery, toujours indisponible face à Brest : «Il ne jouera pas demain. Il figure dans le communiqué médical et ne s’est pas entraîné. On ne prend aucun risque avec les joueurs. Sa blessure progresse bien, mais il est encore loin de réapparaître dans le groupe.»
Bradley Barcola était présenté comme un joueur venant d’une autre galaxie.
Luis Enrique
Eviter l’excès de confiance : «J’essaie surtout d’équilibrer ce qui se passe en dehors du contexte de l’équipe. Je traite toujours les joueurs de la même manière, je suis exigeant de nature. Et mes joueurs sont ambitieux. Ce que j’essaie de faire, c’est d’équilibrer ce qui se passe autour. Par exemple, en début de saison, Bradley Barcola était présenté comme un joueur venant d’une autre galaxie. Il faut calmer les joueurs pour qu’ils restent concentrés. Il a été très constant, très mûr. Il y a maintenant Ousmane Dembélé, qui est assez clairement dans un état très agréable. Il faut maintenir le calme parce qu’il y a toujours des hauts et des bas, il faut toujours un équilibre et n’exagérer aucun moment. Quand quelqu’un marque des buts, il n’est pas forcément si bon, et quand on ne marque pas, on n’est pas forcément mauvais. Il ne faut tomber ni dans un extrême, ni dans l’autre, et c’est le travail que j’essaie de faire. Quand tu as besoin de confiance, je t’en donne. Quand il y a un excès de confiance, j’essaie de faire baisser un peu tout cela. C’est normal, tous les entraîneurs le font.»
Du turnover dans les semaines à venir face à l’accumulation des matchs : «Je ne sais pas, on verra.»
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Que croyez-vous que je suis, un devin ?
Luis Enrique
Ses prédictions pour le mois de mars : «Que croyez-vous que je suis, un devin ? Non, je ne fais pas ce genre de prédiction… L’an dernier, j’avais dit (que l’équipe sera meilleure en février). Cette saison, je maintiens ce que j’ai dit dès le début. Même quand on ne gagnait pas, je disais que j’aimais ce que je voyais. Bien sûr, on s’approche désormais du moment clé de la saison, avec deux compétitions clés, la Ligue des champions et la Coupe de France, où la régularité qui est nécessaire en championnat n’entre pas en ligne de compte. Il faut de la précision, de l’efficacité et ne pas commettre d’erreurs, très peu en tout cas. Ça implique des risques. Ce sont des compétitions dans lesquelles tu peux être éliminé presque sans l’avoir mérité. Il faut donc être prêt pour être compétitif en Coupe de France et en Ligue des champions, c’est l’objectif.»
Peu de blessures : «Les blessures font partie du football, on fait ce qu’on peut pour les éviter mais il y en a, notamment sur des contacts, comme pour Warren (touché en fin de match à Stuttgart, NDLR). On est entouré de professionnels qui sont là pour aider les joueurs en termes de récupération, d’alimentation, le physique, la charge d’entraînement, la charge de matchs, tous les paramètres qu’il faut gérer et c’est ce qu’il y a de plus difficile, mais il y a des moments où c’est impossible de les éviter…»
Sa philosophie de jeu : «Au vu de notre façon de jouer, il n’est pas seulement question de mobilité, mais de jouer en fonction de ses coéquipiers, on bouge en fonction de l’action qui se joue. Il y a des formules qui se répètent, mais on joue peu de manière répétitive. Et il y a peu de joueurs capables de jouer en fonction de leurs coéquipiers, on le voit très peu, mais tu as besoin de ce genre de profil. On a beaucoup de joueurs qui ont ce profil et Fabian Ruiz (cité dans la question, NDLR) en fait partie, capable de jouer à différents postes avec toujours des performances de haut niveau. Ce n’est pas si simple et je suis très content de mon effectif, notamment le milieu, ils peuvent encore s’améliorer, c’est l’objectif. Pas seulement de jouer en fonction des autres mais aussi corriger les autres, c’est l’étape suivante. Nos joueurs, et notamment les milieux, le font chaque jour un peu mieux. J’aime ce que je vois.»
On nous critique souvent pour le nombre de changements qu’on opère. C’est justement pour arriver au mois de mars avec le plus grand nombre de joueurs à notre disposition.
Luis Enrique
Ses changements en cours de match : «Pour juger de la charge de chacun des joueurs, on fait une analyse très profonde, le profil physique de chacun. On a les cinq changements à notre disposition. Ce n’est pas la même chose de jouer 90 minutes ou 60. C’est aussi différent quand un joueur arrive frais du banc en cours de match. il y a beaucoup de variables. Il faut voir aussi si c’est une double-confrontation, un match lors duquel on a la maîtrise dans la moitié de terrain adverse… On aime beaucoup faire du turnover. On nous critique souvent pour le nombre de changements qu’on opère. C’est justement pour arriver au mois de mars avec le plus grand nombre de joueurs à notre disposition et que tous les joueurs aient la certitude de pouvoir jouer, que tout ne dépende pas que d’un seul joueur. En effet, on jouera peut-être une finale, et ce jour-là, ce joueur a de la fièvre. Et on se mettrait à pleurer ? Non. C’est une mentalité d’équipe, c’est l’équipe qui est au-dessus de tous les joueurs. Il faut faire en sorte que cette mentalité se renforce et ainsi, tout le monde est prêt pour tous les matchs. C’est l’objectif général, mais il y a évidemment des nuances, ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. Il y a de multiples nuances de gris.»
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La question est de savoir si Brest est capable de retourner la situation.
Luis Enrique
Ludovic Ajorque et les menaces à Brest : «La force de Brest, c’est son équipe, pas forcément ses individualités, même s’il y a des joueurs de qualité comme Pierre Lees-Melou ou Romain Del Castillo, qui ne jouera pas il me semble. Mais Ludovic Ajorque, si tu ne presses pas bien, ils peuvent partir de l’arrière et approcher le ballon de notre surface. Brest a su créer du danger à chaque fois. Ils n’ont pas marqué mais ont eu des occasions. C’est dur de jouer contre Brest et ce ne sera pas un match facile. Il faut être préparés. Dans une compétition aussi brève que la Ligue des champions, on ne peut pas penser que les choses sont déjà faites. On sera préparés. La question est de savoir si Brest est capable de retourner la situation. Ils l’ont déjà fait quelques fois contre nous. Notre objectif, c’est que ça n’arrive pas.»
Propos recueillis en conférence de presse