Wimbledon : Alcaraz-Djokovic, une affiche de rêve et de la revanche dans l'air
Pour la première fois depuis 2014-2015 (et l'affiche Djokovic contre Federer), les deux mêmes joueurs se sont qualifiés en finale de deux éditions consécutives à Church Road. Le duel entre l'ex maître des lieux et son successeur, ce dimanche en finale du simple messieurs, pourrait faire des étincelles et entrer de nouveau dans la légende du tournoi mythique, un an après la finale remportée en cinq sets par l'Espagnol.
Les (nombreux) enjeux
Dans le dur depuis le début de saison Djokovic va disputer sa première finale sur le circuit depuis neuf mois (victoire au Masters). Comme souvent quand il est en difficulté, «Nole» reverdit dans son jardin anglais où de 2018 à 2023, il avait enchaîné 34 matches gagnés d'affilée et quatre titres. L'insatiable tient à portée de raquette son 25e titre du Grand Chelem qui lui permettrait de devancer le record absolu de Margaret Court (24). Le «Djoker» peut également décrocher un huitième titre sur le gazon londonien pour égaler le record de Federer et revenir à une longueur du record absolu que détient Martina Navratilova. Le Serbe dispute par ailleurs sa dixième finale au All England Club (seul Federer a fait mieux avec 12) et la 37e en Grand Chelem, améliorant son propre record (le deuxième, Federer, en a joué 31).
Le phénomène Carlos Alcaraz atteint la finale de Wimbledon à 21 ans et deux mois, pour la deuxième année consécutive. Il vise le doublé et un quatrième titre du Grand Chelem après l'US Open 2022, Wimbledon 2023 et Roland-Garros 2024. En cas de nouveau triomphe le gamin de Murcie rejoindrait le club très fermé de ceux qui ont réussi le doublé Roland-Garros – Wimbledon (1962, 1969- Laver (à 23 ans) 1978, 1979, 1980- Borg (à 22 ans) 2008, 2010- Nadal (à 22 ans) 2009- Federer (à 27 ans) 2021- Djokovic (à 34 ans). Que du beau monde…
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Les précédents duels
Les deux champions s'affrontent ce dimanche pour la sixième fois, un an après leur affrontement mythique au même stade de la compétition. C'est le jeune Espagnol qui s'était imposé en cinq sets dans le royaume de Djoko (1-6, 7-6, 6-1, 3-6, 6-4), à l'issue d'un furieux combat de 5 heures. Le prodige avait alors mis fin notamment à la série de 156 tie-breaks remportés en Grand Chelem par Djokovic.
L'aîné mène 3 à 2 dans leur face à face et s'est adjugé leurs deux derniers affrontements en 2023, lors d'une autre finale épique à Cincinnati, puis dans le dernier carré du Masters de Londres. Le 7 mai 2022 est à marquer d'une pierre blanche. C'est la date de leur premier affrontement en demi-finale à Madrid. Et déjà, un sacré combat remporté par le gamin de Murcie (6-7 [5], 7-5, 7-6 [5]) en 3h35. La revanche tant attendue à ce même stade la compétition Roland-Garros a tourné court en juin, après que l'Espagnol ait été foudroyé par une crampe au mollet. Le seul choc, pour l'heure, réellement décevant entre ces deux phénomènes.
Leurs parcours
Le 3e joueur mondial a de nouveau eu de nouveau, comme l'année dernière le dernier mot en demi-finale contre le Russe Daniil Medvedev, cette fois en quatre manches et non en trois, (6-7 (1/7), 6-3, 6-4, 6-4). Un peu moins impressionnant que la saison passée, Alcaraz confirme qu'il a le pied vert. Mais son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille. Poussé en cinq sets par Frances Tiafoe au 3e tour, il a ensuite écarté Ugo Humbert et Tommy Paul en quatre sets. Il a ainsi disputé 23 manches pour parvenir en finale et passé quatre heures de plus que le Serbe qui n'a joué que 17 sets.
Si voir Djokovic en finale de l'un de ses tournois préférés n'est pas une surprise, ce n'était pas gagné pour autant. La participation du Serbe avait été fortement compromise par une blessure au ménisque gauche qui l'avait obligé à déclarer forfait avant son quart de finale à Roland-Garros… Le Serbe, qui avait bénéficié du forfait d'Alex De Minaur en quarts, et qui avait eu trois jours de repos a logiquement dominé dans le dernier carré l'Italien Lorenzo Musetti (6-4, 7-6 (7/2), 6-4), encore trop tendre sur le gazon londonien. Sa montée en puissance se précise après un début de tournoi hésitant (un set laissé en route contre le modeste Jacob Farmley et au 3e tour contre Alex Popyrin).
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Les clés du match
Depuis son sacre Porte d'Auteuil, il y a un mois, le jeu agressif de l'Espagnol fait de nouveau merveille. Son service s'est encore amélioré, sans oublier ses amorties diaboliques et sa qualité de retour assez remarquable. Son jeu de jambes et sa vivacité de déplacement sont aussi impressionnants sur cette surface qu'il découvrait presque, il y a un an. Des qualités qui ont su faire dérégler la machine Djokovic l'an dernier. Cette dernière tourne (presque) à plein régime. L'incroyable défenseur est toujours aussi efficace au service. Et son coup droit a retrouvé du mordant. Niveau expérience, c'est évidemment encore un gouffre qui sépare les deux hommes. Avec le format de match en cinq sets qu'il affectionne et la confiance immense sur ses capacités à ne rien lâcher, on imagine mal le Serbe craquer mentalement. Reste à savoir si physiquement, il peut rivaliser avec son jeune adversaire et être rattrapé par son manque de préparation en cas de nouveau gros combat…
Ils ont dit
Carlos Alcaraz : «Je me sens très bien avant cette finale, j'ai un niveau de tennis vraiment très élevé, une grande confiance, je me déplace bien... Je suis suffisamment en confiance pour faire un très bon résultat dimanche. Ce n'était pas facile de passer de la terre au gazon, tout le monde a pu le constater au Queen's (défaite contre Jack Draper au 2e tour). Je ne jouais pas très bien. J'avais besoin d'heures sur herbe, d'entrainement, pour me sentir plus à l'aise.»
Novak Djokovic : «J'espère gagner cette fois‐ci. Je suis sûr qu'il ne l'espère pas. Il est un bon exemple de jeune joueur qui a une vie bien équilibrée. Une bonne famille… beaucoup de charisme… il se comporte bien sur le court et en dehors. Il est à juste titre l'un des meilleurs joueurs de 21 ans que nous ayons jamais vus dans ce sport. Nous le verrons encore beaucoup à l'avenir, sans aucun doute. Il va gagner beaucoup d'autres grands chelems. J'espère que ce ne sera pas le cas dans deux jours, pas cette fois-ci. Mais il aura le temps, je suis sûr, dans le futur… quand je prendrai ma retraite dans une quinzaine d'années (rires). Blague à part, il m'a déjà battu en finale ici l'année dernière en 5 sets. Je ne m'attends pas à moins que cela. Une énorme bataille sur le court. C'est un joueur complet. Il va falloir que je donne le meilleur de moi‐même pour le battre dimanche !»