«Faire les poches de tout le monde»: le Medef dénonce la vision «étriquée» des personnes chargées du budget

La grogne monte dans les rangs du patronat, à la veille de la tenue d’un deuxième Conseil des entreprises à Bercy, où sera abordée la question du budget. Le président du Medef Patrick Martin a dénoncé mercredi la «vision étriquée» des personnes chargées de la politique budgétaire. «Nous sommes très attentifs à toutes les menaces qui planent sur le pacte Dutreil  - qui facilite les transmissions familiales d'entreprises grâce à un abattement fiscal de 75% - ou qui pourraient aboutir au rétablissement d'une forme d'impôt sur la fortune», a prévenu M. Martin.

Il a critiqué «la vision étriquée de nos budgétaires sur ces dossiers, parce qu'ils sont emprisonnés dans la règle de l'annualité, qui les amène de manière presque maladive à aller faire les poches de tout le monde», mais c'est «un calcul de court terme qui coûtera rapidement (aux finances publiques) moins d'emplois, moins de TVA, moins d'impôts sur les sociétés». Le Conseil des entreprises est un outil de «coconstruction» entre Bercy et le patronat, dans la ligne de concertation maximum avec les acteurs de la vie publique qu'observe François Bayrou depuis son arrivée à Matignon.

«Un enjeu absolument considérable»

Après une première édition le 14 avril, il réunira les responsables patronaux autour du ministre de l'Économie et des Finances Éric Lombard, de la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin et de la ministre des PME Véronique Louwagie. M. Martin s'exprimait, en partie devant Mme Louwagie, applaudie pour avoir exprimé son propre soutien au Pacte Dutreil, lors d'une Rencontre des entrepreneurs de France (REF) organisée par le Medef sur le thème de la transmission d'entreprises.

Il a noté qu'un quart des chefs d'entreprise ont plus de 60 ans et que «la moitié des transmissions ne sont pas préparées», en raison, «parfois, d'une forme de déni» du chef d'entreprise. Le patron du Medef incarne lui-même «la septième génération» à la tête de son entreprise Martin Belaysoud, et «la huitième - sa fille - est dans la salle», s'est-il réjoui. «Faisons-nous entourer autant que nécessaire dans tous les compartiments, le fiscal, le managérial, le familial, car c'est pour le pays, nos entreprises, nos salariés et nos territoires, un enjeu absolument considérable», a-t-il jugé.

En 2024, il y a eu 37.000 transmissions-reprises d'entreprises, a indiqué Mme Louwagie. Elle a noté que «la pérennité à trois ans des entreprises transmises est supérieure à la pérennité d'une entreprise créée», une raison selon elle pour encourager de bonnes conditions de transmission.