Guerre en Ukraine : comment les drones ont changé les règles

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Quatre soldats ukrainiens terrés dans une tranchée viennent de subir une attaque par drone, faisant un seul survivant. Blessé et acculé par l'ennemi, il doit être exfiltré en urgence. Son commandant a l'idée d'envoyer un vélo électrique de 40 kilos, déposé par un drone sur le front. Si les deux premiers sont détruits par les Russes, le soldat récupère le troisième et quitte la zone. Dans sa course, il saute sur une mine mais s'en sort une nouvelle fois et rejoint son unité, sain et sauf.

À cause de la menace permanente des drones, les blindés en première ligne ont été remplacés par des motos. Par petits groupes, rapides, mobiles et discrets, les combattants mènent une guerre qui ne ressemble à aucune autre. 70% des soldats tués ou blessés le sont parce que ces engins ont envahi le ciel du champ de bataille, reléguant même à l'arrière les plus puissants canons. "On va traverser les champs pour que vous sentiez bien le terrain et les trous. Ça va vous mettre dans l'ambiance", déclare le caporal-chef Ivanovich, instructeur de la 28ème brigade mécanisée.

Trouver des alternatives

Dans le Donbass, le caporal-chef Ivanovitch motive celui que les soldats ont surnommé "Minus". Dans quelques semaines, les soldats seront sur la ligne 0 face aux tranchées russes, sous la menace des drones. Rejoindre la ligne de front en véhicule blindé est désormais presque impossible. Sur une moto, la protection est nulle, mais il est possible d'échapper aux drones kamikazes.

Aujourd'hui, la plupart des attaques de drones ont lieu lors des déplacements. Rejoindre ou quitter une position est extrêmement périlleux. Les soldats restent parfois 40 jours sans pouvoir être relevés. Derrière un filet de camouflage est dissimulé un canon Caesar. "S'il y a un danger quelque part sur la zone avec des drones, on ne sort plus. Même chose si nous sommes sur une position de tir et qu'un drone approche. On fait très vite demi-tour pour venir nous cacher dans cette position d'attente", explique le sergent-chef Bogdan, chef de pièce canon Caesar.

Ce canon, très mobile, rapide et efficace, était très apprécié par les Ukrainiens au début de la guerre. Il est devenu vulnérable. Aujourd'hui, c'est toute l'artillerie lourde qui est à la merci d'un drone à 500 euros, qui tient dans la main. "Cette guerre en Ukraine montre que l'armée, qui a les meilleurs chars, les meilleurs blindés, les meilleurs avions, n'a plus forcément la supériorité sur le champ de bataille. Aujourd'hui, les maîtres mots sont innovation, rapidité et adaptation", commente Dorothée Olliéric, envoyée spéciale en Ukraine.