La BCE contraint ses élus du personnel à un minimum de travail
Les relations entre la Banque centrale européenne (BCE) et son comité du personnel tournent au vinaigre. Dans une lettre de quatre pages lue par le Financial Times, le président de ce comité, Carlos Bowles, qualifie l’institution de « forteresse juridique qui ne rend pas de comptes ». À l’origine des tensions, la proposition de la BCE que les élus du personnel dédient la moitié de leur temps de travail… aux tâches habituelles prévues par leur fiche de poste. Pour Carlos Bowles, le temps dédié à sa fonction de représentation du personnel serait plafonné à 75 % de ses heures, alors qu’il s’y consacre aujourd’hui à 100 %. Si la proposition est adoptée, il devra un quart-temps à son métier d’économiste à partir de 2026.
Institution extraterritoriale, la Banque centrale européenne définit et applique son propre droit du travail. Sollicité par Le Figaro, son porte-parole précise : « Nous sommes fermement attachés à l’État de droit et nous fonctionnons dans un cadre d’emploi clair, étroitement aligné sur le statut des fonctionnaires de l’Union européenne et soumis au contrôle de la Cour de justice de l’UE. »
Passer la publicitéL’institution présidée par Christine Lagarde justifie cette proposition en affirmant que ces nouvelles règles permettront aux représentants du personnel de poursuivre leur parcours professionnel et, surtout, de « rester en prise directe avec l’activité quotidienne et le mandat institutionnel de la BCE ». De quoi mieux défendre les intérêts des employés, grâce à des compétences et une légitimité renforcées. Le projet inclut aussi une augmentation de la durée des mandats, l’ajout d’un membre supplémentaire au comité, ainsi qu’une réforme du processus électoral.
En parallèle, une enquête de l’Organisation internationale et européenne des services publics (IPSO), le syndicat de la BCE, relevait en avril un climat de méfiance nourri par des suspicions de favoritisme. Assez pour qu’il «pèse davantage que les compétences professionnelles, sapant les principes de méritocratie et d’équité». Sur son site, l’organisme évoque aussi un lien entre précarité de l’emploi et liberté de parole. Résultat, une «culture de peur et d’incertitude» traverse l’institution. Face à ces accusations, Francfort nie : «Le système de promotion au sein de la BCE est conçu pour éviter tout favoritisme, grâce à des mécanismes de contrôle intégrés visant à garantir l’équité et à prévenir toute influence individuelle». D’après ses propres enquêtes, 85% des employés se disent fiers de travailler pour l’institution, conclut son porte-parole.