Top 14 : après la tempête, Melvyn Jaminet retrouve la compétition avec Toulon

La fin d’un long tunnel après une faute grave. Juste avant le scandale de l’affaire de viol supposé impliquant Hugo Auradou et Oscar Jegou, Melvyn Jaminet avait tristement défrayé la chronique en juillet lors de la tournée du XV de France en Argentine, après la publication involontaire sur les réseaux sociaux d’une vidéo dans laquelle il tenait, en état d’ébriété, des propos racistes. Mais qui était, en fait, «une private joke» avec des amis, s’est-il défendu. Tempête médiatique. L’arrière international (25 ans, 20 sélections) avait, dans la foulée, écopé d’une lourde suspension de 34 semaines par la FFR pour «atteinte à l’intérêt supérieur du rugby». Après avoir participé à des travaux d’intérêt général, il avait bénéficié d’une réduction de sa peine de huit semaines.

En attendant son retour sur les terrains, l’ancien joueur de Perpignan avait continué à s’entraîner avec son club, le Rugby Club Toulonnais, à partir de septembre. «Il s’est adressé à l’équipe avant de revenir, je pense que c’était nécessaire, et on est très contents de le retrouver. Même s’il ne jouera pas tout de suite, il reste un joueur important pour l’effectif», avait alors confié son coéquipier, le talonneur Teddy Baubigny.

Exactement 231 jours après son dernier match avec les Bleus, Jaminet va enfin retrouver les terrains ce samedi à l’occasion du déplacement de Toulon sur la pelouse du Stade Français Paris (16h30), dans le cadre de la 17e journée du Top 14.

Melvyn a assumé, il a pris sa part de responsabilité, il a payé sa dette et maintenant il faut lui laisser l’opportunité d’être un joueur de rugby

Pierre Mignoni, manager de Toulon

En conférence de presse, son manager Pierre Mignoni est revenu sur ce retour qui va être scruté de près. «Je pense que Melvyn a assumé, il a pris sa part de responsabilité, il a payé sa dette et, maintenant, il faut lui laisser l’opportunité d’être un joueur de rugby. Tout le monde a accepté ça et on a été à son soutien. Il fallait être proche de lui et qu’il assume ces sanctions», a déclaré le technicien toulonnais. Tourner la page pour de bon, se concentrer sur le terrain.

450.000 euros d’emprunts non remboursés par Toulouse

Mais, en plus de ça, les choses n’ont pas été évidentes pour Melvyn Jaminet, au cœur d’un imbroglio financier où il est cette fois la victime. Le journal L’Équipe  a en effet révélé fin janvier qu’en 2022, Jaminet avait payé lui-même la clause lui permettant de quitter Perpignan pour rejoindre Toulouse, pour un montant de 450.000 euros, contractant deux emprunts pour y parvenir. Un montant que le club haut-garonnais n’a ensuite pas versé au joueur, le mettant en grande difficulté financière. Rembourser cette somme au joueur aurait contraint le club champion de France et d’Europe, qui est passé par de sombres intermédiaires, à dépasser le salary-cap en vigueur en Top 14. Une affaire qui pourrait coûter très cher au Stade Toulousain, le dossier étant dans les mains du «salary cap manager» de la Ligue.

Quel avenir alors pour Melvyn Jaminet ? Surendetté et dans l’incapacité de trouver de nouveaux contrats d’image après son dérapage argentin, le numéro 15 toulousain - qui avait participé au Grand Chelem réalisé par le XV de France en 2022 et à la Coupe du monde 2023 - est également persona non grata en équipe de France. C’est ce qu’a répété Florian Grill au Figaro : «J’ai dit qu’à mon sens, c’est un avis personnel, ça serait compliqué de le sélectionner en équipe de France compte tenu des propos racistes qu’il a tenus. Compliqué parce que, parmi nos 2000 clubs, 271 travaillent dans des quartiers prioritaires de la ville. Parce que des partenaires nous ont signalé leur inquiétude sur ce sujet. C’est plus honnête de dire que c’est compliqué plutôt que de passer outre. Mais il faut laisser Melvyn tranquille. Il a reconnu son erreur, accepté sa sanction, et il effectue ses travaux d’intérêt général...»

J’ai fait une erreur parce que je n’étais pas moi-même, ce soir-là. Mais je ne suis pas raciste

Melvyn Jaminet

En son absence, la concurrence s’est aiguisée en équipe de France pour le poste d’arrière avec évidemment l’incontournable Toulousain Thomas Ramos, mais aussi le Parisien Léo Barré (titulaire samedi à Rome) et le Bordelais Romain Buros (actuellement blessé à la cheville).

Dans les colonnes de Midi Olympique, Jaminet a accepté de revenir sur cette sombre affaire et ses conséquences. «L’équipe de France, ça a toujours été un rêve pour moi, souligne-t-il. C’est une institution et je respecte les décisions qui y sont prises. Maintenant, j’espère que par mon travail, mon attitude et mes performances, je pourrai un jour regagner leur confiance.»

Et de demander que l’on tourne la page : «J’ai fait une erreur parce que je n’étais pas moi-même, ce soir-là. Mais je ne suis pas raciste. Ce n’est pas moi, voilà tout. Je veux vraiment m’excuser auprès de tous les supporters du rugby que j’ai pu blesser. Et je veux aussi remercier tous ceux ayant fait preuve de compréhension à mon égard. Parce que ce n’était pas facile.»

Reste à savoir s’il arrivera à rebondir après cette sombre affaire. Ou si elle va le poursuivre encore longtemps... Pierre Mignoni, durant la suspension de son joueur, avait souligné que le RCT «avait un excellent buteur, un peu hors normes, on récupérera cette force plus tard». Ce moment est venu.