Édito. 'Laxisme sécuritaire", "provocateur", "fabrique de barbares"... Les violences après le sacre du PSG récupérées par la classe politique

Le triomphe du PSG a été terni par des violences graves dans la nuit de samedi 31 mai à dimanche 01 juin à Paris et ailleurs. "Des violences inacceptables" a affirmé Emmanuel Macron dimanche dès l’entame de son discours de réception de l’équipe parisienne à l’Élysée. Le président de la République a assuré que l’État sera "implacable" et les auteurs sévèrement "poursuivis et punis". Au total, des centaines d‘interpellations, quelques magasins pillés du côté des Champs-Élysées, une trentaine de blessés parmi les forces de l’ordre et même deux morts, un jeune homme poignardé à Dax et un conducteur de scooter percuté par une voiture à Paris. Des violences intolérables qui tendent à se répéter lors des grands rassemblements qui suivent des matchs de foot prestigieux. 

Le football est victime de son succès. C’est le seul sport au retentissement planétaire. Il suscite une ferveur inégalée dans le monde entier, c’est donc le seul qui garantisse un écho maximal à ceux qui s’y attaquent. Le foot est un réceptacle. Il subit les casseurs qui s’y greffent, un peu comme les syndicats si souvent victimes des blacks-blocs lors des défilés contre la réforme des retraites. À Paris,
comme presque partout ailleurs, en particulier en Angleterre, les individus violents ont été virés des stades. Ils agissent donc désormais lors des événements extérieurs aux enceintes. Et ces débordements ne sont pas propres à la France. Lundi dernier, il y a eu des dizaines d’interpellations et de nombreuses hospitalisations à cause des violences survenues dans les rues de Naples à l’occasion de la célébration du Scudetto du Napoli. Et le même jour, à Liverpool, une voiture fonçait dans la foule des centaines de milliers de personnes qui fêtaient le titre de champion de Liverpool causant plus de 70 blessés, dont une dizaine dans un état grave.

Le ministre de l'Intérieur ciblé de toutes parts

Le Rassemblement national s’est emparé de ces violences pour dénoncer un échec de Bruno Retailleau. Le RN s’inquiète de la popularité du ministre de l’Intérieur auprès de sa base électorale. Rien d’étonnant à voir Jordan Bardella, déjà en quasi pré-campagne présidentielle, l’accuser de "laxisme sécuritaire". Autre posture déjà vue, celle des insoumis qui ont renversé les rôles en s'en prenant au comportement des forces de l'ordre et en accusant Bruno Retailleau d'être "un provocateur" coupable d'avoir "organisé le chaos à coups de gaz lacrymogène". Ciblé de toutes parts, le ministre de l’Intérieur prend, lui, des accents apocalyptiques pour peindre une société devenue une "fabrique de barbares" parce qu’elle aurait "déconstruit tous les piliers porteurs de civilisation", "l’autorité", "le respect" et "la hiérarchie". Il avait tenu les mêmes propos fin mars à Nantes lorsqu'un lycéen avait poignardé plusieurs élèves avant d'être interné en psychiatrie.

Un vrai discours de campagne électorale, siamoise du propos de Marine Le Pen qui promettait dimanche qu’une fois au pouvoir le RN rompra avec "avec 40 années de laxisme et de renoncements". Pas sûr que le match de 2027 soit aussi alerte et enchanteur que celui de samedi soir à Münich, mais ce qui est certain, c’est qu’il risque d’y avoir embouteillage sur l’aile droite…