On a rarement vu chez la même personne une telle opposition entre une voix douce, presque inaudible, et des paroles si combatives: c’est tout Boualem Sansal, un homme révolté mais tranquille. Une tranquillité apparente ; car, quand on commence à l’écouter, une angoisse se fait entendre. L’écrivain ressemble à ces lanceurs d’alerte qui n’en peuvent plus d’alerter alors que chaque jour leur donne raison. C’est ce qui nous a encore frappé en cette fin d’après-midi de janvier, lorsque nous l’avons rencontré dans les bureaux de sa maison d’édition, Gallimard. Sansal vient de publier un roman au titre évocateur: Vivre: Le Compte à rebours , une sorte d’apocalypse où il ne resterait plus que 780 jours à vivre. Tels des «élus», quelques humains sont alors appelés à monter à bord d’un vaisseau spatial. L’écrivain choisit la dystopie ou la science-fiction pour décrypter notre époque et ses errements.
Depuis le temps que nous le connaissons, en 1999, et la publication de son premier roman, Le Serment…