Après la mort de Thomas à Crépol : droites et extrême droite se vautrent dans l’instrumentalisation
Famille, amis, voisins, c’est tout un territoire endeuillé – et sans doute au-delà – qui s’élancera ce mercredi du lycée du Dauphiné jusqu’au stade Albert-Donnadieu, à Romans-sur-Isère. Une marche blanche en hommage à Thomas, ce jeune lycéen de 16 ans tué lors d’une fête dans le village de Crépol. Le drame est survenu dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu’une dizaine de jeunes tentaient de s’introduire dans une soirée privée réunissant plusieurs centaines de personnes dans la salle communale du village drômois.
Selon les éléments communiqués par le parquet, l’un d’eux, armé d’un couteau, aurait d’abord blessé le vigile, avant que des participants à la fête interviennent et que les affrontements se poursuivent à l’intérieur. Mortellement touché, Thomas est décédé lors de son transport vers l’hôpital de Lyon.
Au total, 17 personnes ont été blessées, dont deux grièvement, des jeunes de 28 et 23 ans qui n’étaient plus mardi matin en état d’urgence absolue, selon la porte-parole de la gendarmerie nationale, Marie-Laure Pezant. Alors que cette dernière avait invité les auteurs de ces violences à se rendre, c’est le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a annoncé lors des questions au gouvernement que « sept » personnes avaient été interpellées « aux environs de Toulouse », le résultat de « 70 auditions » menées par la gendarmerie après le drame.
L’extrême droite met en scène une « guerre de civilisation »
Face à la médiatisation et la vive émotion suscitée, la marche blanche « se veut apolitique ; par respect pour la famille, merci de respecter leur souhait », a prévenu sur Facebook le RC Romans-Bourg-de-Péage, le club de rugby où jouait l’adolescent. Las, droite et extrême droite se sont immédiatement lancées dans une opération d’instrumentalisation à grande échelle. Que n’a pas boudée le ministre de l’Intérieur lui-même, invité dans l’émission C à vous lundi soir. Pour Gérald Darmanin, le décès « ignoble » et « inacceptable » d’un jeune à Crépol est le produit de « l’ensauvagement » de la société. « Nous devons remettre de l’autorité partout », a ajouté le ministre.
Des termes que ne renierait pas l’extrême droite. « Plus personne ne se trouve à l’abri nulle part (…) On assiste à une attaque organisée, émanant d’un certain nombre de banlieues criminogènes dans lesquelles se trouvent des milices armées qui opèrent des razzias », a renchéri la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, dans un entretien à Valeurs actuelles.
Éric Zemmour n’est pas en reste. Le patron de Reconquête s’est saisi du drame pour jouer sur les réseaux sociaux « la guerre de civilisation » qu’il appelle de ses vœux, ressortant son concept, monté de toutes pièces, de « francocide » et fustigeant un « véritable djihad du quotidien que subissent les Français ». À côté de ces sorties, Éric Ciotti apparaîtrait presque mesuré. Le président de LR a tout de même lui aussi ciblé des « racailles » contre lesquelles « la justice doit être implacable ».
Il est « faux d’affirmer que le groupe hostile serait composé d’individus tous originaires de la même ville et du même quartier », avait précisé lundi soir Laurent de Caigny, le procureur de Valence, dans un communiqué. Mais quand l’objectif est de stigmatiser et de semer la peur, peu importe de formuler une série de sentences haineuses au mépris des faits.