Dans cette banlieue chic de Lyon, l’installation d’un centre d’accueil pour jeunes migrants fait polémique

Le Figaro Lyon

Prévenu en juillet de l'implantation d'un centre d'accueil de 70 places pour accueillir des étrangers en attente de prise en charge pour déterminer s'ils sont mineurs ou non, Sébastien Michel, maire LR d'Écully, une ville située dans la banlieue ouest de Lyon, ne décolère pas. «Autant sur le fond que sur la forme je m'oppose à cette implantation», confie-t-il au Figaro. L'édile ne comprend pas pourquoi il n'a pas été mis au courant dès la genèse du projet, en février dernier. «On m'a annoncé ça durant l'été sans me demander mon avis. La politique c'est aussi de la confiance et, comme toujours, la métropole impose sa vision sans consulter les maires», poursuit Sébastien Michel. Sans réel recours possible - le bâtiment appartenant à la métropole -, il a décidé d'envoyer une longue lettre par voie postale à ses habitants début octobre pour dénoncer «le mépris, le cynisme et la brutalité» du président du Grand Lyon, Bruno Bernard.

Sur le fond du dossier, Sébastien Michel estime que le lieu choisi, un ancien bâtiment de l'école Cesi, une ancienne école d'ingénieurs, est «trop loin du centre de l'agglomération, et des lieux ou les personnes accueillies seront prises en charge». «Si j'ai bien compris, ils dormiront là, mais devront aller à Lyon, Villeurbanne pour leurs démarches et pour manger avant de revenir ici le soir pour dormir dans un lieu sans activité», ajoute l'élu Les Républicains. 

Un lieu déjà utilisé pour les réfugiés ukrainiens

Contacté, le Grand Lyon assure que le lieu, géré par Forum réfugiés est conforme à l'accueil de personnes. «Il a d'ailleurs été utilisé jusqu'en début d'année pour héberger des familles ukrainiennes», indique Lucie Vacher (EELV) vice-présidente chargée de l'Action sociale et Éducative. «Oui, il y a eu des familles ukrainiennes mais rapidement elles n'ont plus voulu venir ici parce que c'était trop éloigné du centre de Lyon, c'est d'ailleurs pour ça que le centre a fermé», répond Sébastien Michel.

Pour la vice-présidente écologiste, en ouvrant ce nouveau lieu, la collectivité «ne fait qu'appliquer ses obligations légales dans un contexte de forte demande de mise à l'abri». En effet, la métropole a vu le nombre de ces dernières passer de 1100 en 2022 à 2870 en 2023. Déjà plus de 2000 ont été enregistrées cette année. Une tension que les places classiques d'hébergement déjà présentes ne parviennent pas à combler et qui nécessite l'achat de nuitées d'hôtel. «Ces nuits coûtent six millions d'euros par an. Ce qui n'est pas anodin dans une période budgétaire contrainte ou le gouvernement demande aux collectivités de faire cinq milliards d'euros d'économies», assure la vice-présidente. Ce nouveau centre, qui doit ouvrir prochainement, devrait permettre de réduire cette dépense hôtelière. Un lieu «transitoire» qui doit fermer d'ici 2026-2027 avec la création d'un nouveau lieu d'accueil pérenne à Décines-Charpieu.

Polémique et dépôt de plainte

Politiquement, Lucie Vacher voit dans la position de Sébastien Michel, «un problème de fond plus que de forme». «C'est l'hébergement d'urgence qui le dérange. Sa lettre n'est pas responsable, car elle met en fragilité ces jeunes et fait l'amalgame sur les enjeux de sécurité». Ce dont se défend l'édile : «Je suis très conscient du parcours tragique de ces gens qui ont risqué leur vie. Mais ce lieu n'est pas adapté à leur prise en charge et la méthode est brutale», martèle-t-il.

La polémique a déjà franchi les frontières d'Écully. Le maire de la commune a reçu le soutien sur X de Jonathan Géry, députe RN de la circonscription. Soutien qu'il a refusé. «Je ne veux pas qu'un député, qui visiblement vient de se souvenir qu'Écully fait partie de sa circonscription, récupère cette affaire dont il ne connaît rien», tacle Sébastien Michel. Ce dernier a également été critiqué par Florestan Groult (LFI), vice-président chargé des Sports et à la Vie associative de la métropole, qui lui a reproché la lettre envoyée aux écoles en l'accusant «de détournement de fonds publics à des fins de propagande électorale pour semer la haine, afin de ne pas accueillir des enfants réfugiés». Questionné sur ce message, Sébastien Michel a fait part de son intention de porter plainte pour «diffamation».