À un mois des élections législatives en Moldavie, les tentatives d'ingérence russe se multiplient

Polo bleu, lunettes et un petit air de premier de la classe, derrière son micro, l'activiste pro-européen Mihail Nesteriuc est contraint de démentir les dernières fausses informations qui circulent à son sujet. Il fait partie de ceux qui, en Moldavie, tentent de lutter contre la désinformation qui entoure les élections législatives.

Le 28 septembre 2025, les Moldaves se rendront aux urnes. Mais entre-temps, cette ex-république soviétique, nichée entre la Roumanie et l'Ukraine, redoute de perdre son orientation pro-européenne au profit de partis proches de Moscou. Les autorités dénoncent une ingérence russe massive pour influencer le scrutin, mêlant corruption électorale, cyberattaques ou encore désinformation.

La société civile ainsi que les institutions tentent de résister contre cette propagande, à l'image de Mihail Nesteriuc. "La dernière vidéo que j'ai publiée parle d'un deepfake dans lequel la Présidente de la Commission électorale apparaît, affirmant que le fait que la France interfère dans les élections moldaves n'est pas considéré comme un problème", relate-t-il.

Des électeurs "achetés" par la Russie

À l'approche des élections législatives, les manipulations du Kremlin s'intensifient en Moldavie. Selon les autorités, la désinformation n'est qu'une des nombreuses stratégies employées par Moscou pour intervenir dans le scrutin. Parmi elles figurent aussi l'achat de votes ou encore la rémunération de manifestants.

Vlada Versinin connaît bien ce phénomène. Journaliste spécialisée dans la Gagaouzie, région autonome majoritairement pro-russe, elle assiste régulièrement à l'achat de vote lors de rassemblements. "Quand ils proposent de l'argent aux jeunes, ils acceptent de venir parce qu'ils n'ont pas encore développé un niveau de conscience, de valeurs personnelles et des capacités d'analyse", explique-t-elle.

"Quant aux retraités, ils viennent parce qu’on leur promet le doux conte de fées d’un retour à l’Union soviétique."

Vlada Versinin, journaliste moldave

à franceinfo

Depuis la capitale moldave, Andrei Curarau, expert pour le think tank Watch Dog, traque les flux d'argent utilisés pour l'ingérence Russe. "Selon les décisions de justice déjà rendues, les sommes dépassent les 40 millions de dollars pour la dernière campagne électorale", estime-t-il. Il est certain les montants réels sont plus élevés mais il est impossible d'avoir accès aux informations."

Des partis pro-russes en sous-marins

La Moldavie a débuté l'an dernier les négociations d'adhésion à l'Union européenne. Or, ce sujet est souvent instrumentalisé et déformé par les partis pro-russes. Iuri Vitneansky représente un groupe de partis financés depuis Moscou, interdit de participer aux prochaines élections en raison de ses liens avec l'oligarque Ilan Shor. "Pour beaucoup d'entre nous, la Fédération de Russie est un partenaire stratégique", indique-t-il.

"Renoncer à coopérer avec elle au profit d'autres intérêts géopolitiques serait une énorme erreur pour un petit pays comme la République de Moldavie", estime Iuri Vitneansky. Au cours des prochaines semaines, les autorités anticipent une augmentation des opérations d'ingérence russes, y compris de nouvelles tentatives d'achats de vote.