«Un bâtiment de 11 mètres de haut» : polémique autour de la reconstruction des campings de la dune du Pilat
Le 20 juillet 2022, Emmanuel Macron promettait la reconstruction des campings après les incendies survenus en Gironde, qui avait ravagé 7000 hectares de forêt et les campings emblématiques de la dune du Pilat. Deux ans et demi plus tard, le camping de la Dune, aussi connu sous le nom de «camping des Flots Bleus» et rendu très populaire par le tournage du film Camping, renaît de ses cendres. «On a eu très vite le permis de construire avec toutes les préconisations nécessaires parce que c’est un site classé depuis 1994. On a rebâti 80 mobile homes contre une centaine avant les incendies.» explique au Figaro Franck Couderc, directeur de l’établissement.
Mais depuis les incendies, l’environnement a évolué et le paysage de la dune n’est plus le même. Et le camping est désormais plus visible. «C’est sûr qu’on nous voit un peu plus. C’est normal, il n’y a plus d’arbres. Il faut laisser le temps au temps», explique le directeur de l’établissement, qui a constaté un climat un peu hostile ces dernières semaines. «On voit quelques personnes prendre des photos des constructions en douce».
Un des campings de la dune notamment est au cœur d’une polémique. Pendant l’été, le groupe vendéen MS Vacances a procédé au rachat du Pyla Camping, détenu depuis une dizaine d’années par l’ancien rugbyman palois Stéphane Carella et le footballeur international français Mathieu Valbuena. Des photos publiées sur les réseaux sociaux par des visiteurs et l’élu d’opposition Marc Muret (UDR), où l’on voit un bâtiment élevé, ont mis le feu aux poudres. Ce bâtiment «atteint 11 mètres de haut», selon l’élu. «Ils ont complètement artificialisé le site et dénaturé la dune. On n’a jamais eu une atteinte comme ça sur ce site classé», déplore-t-il. Contacté par Le Figaro, MS Vacances n’a pas répondu à nos sollicitations.
La reconstruction des cabanes de résiniers en question
Les associations de défense de la nature sont également vent debout contre ces reconstructions. «C’est la bétonisation d’un site classé qui est en cours. L’effet lotissement est garanti, alors que la dune recule et que tout va être englouti à terme», regrette Jacques Storelli, président de la Coordination environnementale (Ceba). Cette dernière conteste le projet de reconstruction, en s’appuyant sur le rapport Clément du ministère de l’Environnement de 2012, qui recommandait notamment de diminuer la pollution visuelle en réduisant le nombre de mobile homes à 35 dans chacun des campings situés au pied de la dune.
«À partir du moment où il y a eu l’incendie, c’est comme si le rapport n’existait plus. On l’a oublié», glisse un autre représentant de la Ceba. Trois requêtes ont été envoyées au tribunal administratif par l’association. «Ce n’est qu’un rapport et des préconisations. Il n’y a pas eu d’étude précise, ni géologique, ni financière», souligne Franck Couderc, directeur du camping de la Dune, qui lui n’est pas visé par l’un de ces recours.
Autre sujet de controverse : si l’administration a autorisé la reconstruction des campings, elle interdit toujours la reconstruction des cabanes de résiniers dans la forêt qui longe la dune. «C’est un patrimoine de la forêt. Elles existent depuis une centaine d’années et elles sont référencées. C’est difficilement admissible qu’on ne veuille pas les reconstruire. L’État devient tatillon sur ces cabanes sous prétexte de sécurité. Elles sont les victimes collatérales de la décision trop rapide de l’État», dénonce Marc Muret.
«Mon opposant n’a qu’un seul but : me couper la tête»
Au milieu de ces polémiques, Patrick Davet, le maire de la Teste-de-Buch (LR) se défend. «Il y a eu un permis d’aménager autorisé par les services de l’État, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Toutes les constructions sont en totale conformité. Tout est en règle. Mon opposant n’a qu’un seul but : me couper la tête», assure-t-il au Figaro. Concernant les cabanes de résiniers, «on essaye de travailler pour les reconstruire en toute sécurité», confie encore l’élu.
Interrogé, le département assure que «des contrôles interservices sont programmés pour les prochaines semaines avant la réouverture de la saison touristique 2025». «Les infractions constatées pourront donner lieu à des verbalisations», conclut-il.