Le spectateur sort de Megalopolis comme on descend d'un grand huit. Chancelant, sonné, groggy, fasciné par un flux d'images et de sons, chromo carnavalesque sur un fil, entre fable et farce, grotesque et sublime, kitsch et clinquant, pompe et pop. À l'heure où l'anémie règne sur les écrans, où les films se résument à leur intrigue, souvent banale à pleurer, Francis Ford Coppola fait figure d'irréductible généreux. Un octogénaire peu porté sur le passé et la nostalgie, à la différence des idolâtres du Parrain désireux de figer le cinéaste américain en classique du Nouvel Hollywood, faisant fi de Coup de cœur, romance surréelle dans un Las Vegas de carton-pâte digne de Broadway, échec cuisant, tourné à la suite d'Apocalypse Now, palme d'or d'abord incomprise aujourd'hui portée au pinacle.
Dès 1981, Coppola annonce la couleur (criarde) et l'envie de filmer sans contrainte, en dehors du système (lire ci-dessus), quitte à y laisser sa chemise et même sa peau. Avec