REPORTAGE. "S'habiller coûte moins cher que manger" : à Washington, des Américains s'inquiètent d'une flambée du prix de leurs courses
Plus de la moitié d'Américains est stressée à l'idée d'aller faire les courses. C'est ce qui ressort d'un sondage paru mardi 5 août, en partenariat avec l'université de Chicago. L'étude concerne un petit échantillon de la population américaine, mais exprime bien l'état d'esprit des Américains rencontrés à la sortie de supermarchés à Washington, face aux différentes hausses des droits de douane annoncées par Donald Trump.
Avec deux gros sacs bien accrochés aux épaules à la sortie d'une enseigne bon marché, dans un quartier cosmopolite de la ville, Fernando transpire à cause de la chaleur. Mais aussi parce qu'"aller au supermarché est devenu une grosse source de stress. Si vous vous dites : 'allez je vais prendre les premiers prix', vous vous retrouvez avec des produits vraiment mauvais pour votre santé. Mais pour avoir un peu de qualité à des prix raisonnables, il faut monter, descendre, faire plusieurs magasins pour comparer et ça me demande beaucoup d'effort."
Ses courses, avec des produits d'entretien, de toilettes, un peu de viande et des fruits et légumes, lui coûtent 80 dollars. "Tout est très, très cher. En Amérique, s'habiller coûte moins cher que manger", résume-t-il.
"Je compte, je revérifie tout"
C'est aussi le constat amer de Sandra à chaque fois qu'elle remplit son caddie : "Alors il n'y a pas de viande, juste des sodas, du lait, des œufs". Ce qui l'angoisse, raconte cette responsable du personnel, ce sont les débats à la télévision sur l'économie américaine, les droits de douane. Elle les évite autant que possible. "Tout ce que décide ce gouvernement me stresse, ça me déprime même, alors je zappe." Le contraire de Sara, une développeuse d'une trentaine d'années. "Je suis assez inquiète, toute cette histoire de taxe va retomber sur les plus pauvres. Peut-être que je regarde trop les informations", concède-t-elle.
"Et puis tout est instable, on ne sait jamais ce que ce type à la Maison Blanche va annoncer."
Sara, développeuse d'une trentaine d'annéesà franceinfo
Derrière elle, plusieurs personnes, sacs de courses en main, revérifient le ticket de caisse. Même réflexe, à quelques kilomètres de là, à la sortie d'une épicerie d'un quartier branché. "On est tous dans le même bateau, s'écrie Tiana. Je compte, je revérifie tout. Là, j'ai pris un produit à dix dollars, je me suis dit OK, ça fera trois repas." Et l'esthéticienne conclut, souriant à moitié : "Je suis née à Washington et la blague ici c'est : juste pour respirer un peu d'air, c'est 100 dollars minimum !"