Personne ne peut le contester. Toutes les autoroutes de l’Hexagone sont désormais équipées de bornes de recharge. Reste que leur nombre peut s’avérer insuffisant, certains jours et à certains moments de la journée. C’est le constat que nombre de conducteurs de voitures à batterie ont pu faire cet été. Sur l’autoroute A10, à la station-service avant Tours, l’agent préposé à l’aire de recharge Total nous a ainsi confié que lors du week-end de chassé-croisé des vacanciers (2 au 3 août), la fréquentation était si élevée qu’il fallait patienter près de deux heures avant de pouvoir brancher son véhicule électrique pendant près de 30 minutes, si ce n’est pas plus. L’ambiance était devenue électrique : les usagers frôlaient la crise de nerfs. La situation pouvait s’avérer d’autant plus critique qu’il fallait renouveler l’opération environ toutes les deux heures, autant pour suivre les consignes de la Sécurité routière que pour recharger son véhicule. Dire que certains prosélytes n’hésitent pas à affirmer qu’un plein de carburant prend plus de temps qu’une charge de batterie à cette période de l’année.
Alternatives aux files d’attente
L’expérience a montré qu’il existe des alternatives permettant d’éviter l’attente aux bornes de recharge des stations- service. La première consiste à sortir de l’autoroute et à privilégier les installations sur les parkings de supermarchés ou d’enseignes de hard-discount. Privilégier ces réseaux revient à accepter d’attendre dans une zone d’activité souvent privée d’espace de restauration et de commodité. Nous avons ainsi expérimenté un parking à Chambray-lès-Tours exposé au soleil, lors de l’épisode des grandes chaleurs. Des espaces restent à inventer pour accueillir ces nouveaux voyageurs qui ont investi une somme importante dans un véhicule à batterie. Par contre, le prix du kilowattheure est souvent modéré, de l’ordre de 0,50 euros.
L’autre solution consiste à s’arrêter sur une aire de repos. Celles de l’A10 sont désormais équipées de bornes et elles sont souvent désertes. Les automobilistes évitent encore ces installations dépourvues de cafés et de restaurants. Une perpendiculaire Bordeaux-Aurillac par l’autoroute A89 a fait monter la tension. Un peu avant 9 heures, en l’espace de quelques minutes, toutes les places de la station Fastnet de Saint-Laurent du Manoire ont été occupées. La dernière partie du parcours sur le réseau secondaire est un autre défi qui ajoute une charge mentale au voyage. Peu de bourgs traversés offrent une infrastructure et lorsque c’est le cas, les bornes ne dépassent pas 22 kW. À Aurillac, heureusement, une station de Superchargeurs Tesla acceptant jusqu’à 390 kW peut accueillir douze véhicules mais elle est installée sur le parking d’une enseigne commerciale, dans les faubourgs de la ville. La nuit, l’endroit n’est guère rassurant.
Dans l’ensemble, si les infrastructures ont bien progressé, tout reste à construire pour accueillir les automobilistes dans de bonnes conditions de confort et de sécurité. L’incivisme règne encore avec, vu ci et là, des motos ou des véhicules thermiques qui stationnent sur des emplacements réservés aux véhicules à batterie. Lorsque les places manquent, il est tentant d’investir ces espaces.