La Galerie des Glaces avant l’heure. Créée au XVIIe siècle sous le règne de Louis XIV, la Galerie d’Apollon du musée du Louvre est aujourd’hui le siège de la collection royale des gemmes et des diamants restants de la Couronne de France. Agate, améthyste, lapis-lazuli, jade, sardoine, cristal de roche… De nombreuses pierres trônent dans ce couloir majestueux aux plafonds dorés et aux fresques d’inspiration mythologique, réalisées par le peintre royal Charles Le Brun et terminées par Eugène Delacroix après son décès. Mais ce dimanche 19 octobre, cette pièce située au 1er étage du musée a été la cible d’un braquage. Des bijoux «d’une valeur inestimable» ont été dérobés, a notamment déclaré le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, sans pour autant préciser lesquels. Selon une source policière qui s’est exprimée auprès du Figaro, deux vitrines ont été brisées, celle des «bijoux Napoléon» ainsi que celle des «bijoux des souverains français».
L’un des joyaux dérobés a d’ailleurs été retrouvé par les policiers, il s’agit de la couronne de l’impératrice Eugénie, sertie de 1354 diamants, 1136 roses et 56 émeraudes. Cette dernière a été réalisée par Alexandre-Gabriel Lemonnier. Elle présente une forme typique des représentations de couronnes impériales et symbolise aussi le faste du Second Empire. Ses huit arceaux en forme d’aigle ont été réalisés en or ciselé, tandis que les autres forment des palmettes, flanquées de deux émeraudes et faites de diamants, dont un gros au centre. Tous ces arceaux rejoignent le haut de la couronne, sous un globe en diamants rehaussé d’un cercle et d’un demi-cercle formés par trente-deux émeraudes.
Passer la publicitéNommée en l’honneur d’Apollon, dieu grec de la lumière et du soleil, la galerie représente le pouvoir solaire que Louis XIV avait choisi d’exercer de son vivant. D’où son surnom connu à travers l’histoire, le Roi-Soleil. Un pouvoir et une grandeur soulignés par la collection impressionnante du monarque, à l’époque composée de plus de 800 pièces d’exception dont des pierres, couronnes, diadèmes, boucles d’oreilles et autres bijoux d’apparat ayant appartenu aux souverains de France, de l’Ancien Régime au second empire. Il n’en reste malheureusement plus autant aujourd’hui, la plupart des pièces ayant été revendues, perdues ou même volées.
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Lorsque Louis XIV abandonne le chantier du Louvre en 1679 pour celui du château de Versailles, le décor de la Galerie d’Apollon reste inachevé, mais sert toutefois de modèle à la Galerie des Glaces, pièce maîtresse de son tout nouveau projet. Sous Louis XV, le vaste couloir long de plus de 60 mètres devient le lieu de repère des futurs artistes royaux, qui sont alors chargés de compléter le décor.
Diamants historiques
Les pièces aujourd’hui présentes dans la galerie sont un témoignage de l’Histoire, les joyaux présentés ayant été enrichis par certains, dilapidés par d’autres ou disparus pendant la Révolution française avant d’être retrouvés quelques années plus tard. La plus ancienne de ces pierres est le spinelle appelé «Côte-de-Bretagne» entré dans le trésor royal grâce à Anne de Bretagne. Mais parmi les autres pièces présentes figurent également trois diamants historiques, le Régent, le Sancy, un diamant blanc de 55,23 carats, et l’Hortensia, un diamant rose de 21,32 carats ayant appartenu à l’impératrice Eugénie. Des diamants qui ont orné les habits ou les couronnes des souverains. Mais aussi des bijoux montés de toutes pièces, notamment une parure composée de 38 émeraudes, dont dix taille poire, et de diamants, offerte par l’empereur Napoléon Ier à Marie-Louise de Habsbourg Lorraine, pour leur mariage en 1810. Soit un total de 23 pièces réparties en trois vitrines.
Le plus impressionnant de la collection reste toutefois le diamant Régent : un diamant facetté taille coussin de 140,64 carats et de couleur «première eau», c’est-à-dire parfaitement incolore. Le mémorialiste Saint-Simon aurait même déclaré qu’il était «de la grosseur d’une prune de la reine Claude». Lors de sa découverte en 1698 dans les mines de Golconde en Inde, la pierre brute pesait alors plus de 426 carats. Refusé par Louis XIV en raison de son prix exorbitant, le diamant sera finalement acheté en 1717 par Philippe d’Orléans, le Régent, d’où le nom de la pierre qui est depuis resté. Porté par tous les souverains français depuis, il a notamment orné les couronnes de Louis XV et Louis XVI, l’épée de Napoléon ou encore le diadème grec de l’impératrice Eugénie.
Musée du Louvre-Galerie d’Apollon. Tél. : 01 40 20 50 50. Horaire : tous les jours sauf le mardi, de 9 h à 18 h, et les mercredis et vendredis jusqu’à 21 h 45.