TEMOIGNAGES. "Les négociations n'aboutiront à rien" : entre dépit et courage, les Ukrainiens restent sur leur garde
Une note d'espoir pour les Ukrainiens ? La "coalition des volontaires", réunie jeudi 4 septembre à Paris, espère obtenir un soutien américain dans le cadre des négociations sur les garanties de sécurité en faveur de l'Ukraine. Mais face à l'impunité dont la Russie semble bénéficier, la population ukrainienne endure et reste sur ses gardes.
Dans l'est de Kiev, les murs béants d'un immeuble laissent entrevoir cuisines, chambres et morceaux de vie arrachés par un missile. Olena, infirmière, se désole, elle y avait fait bâtir un logement : "Vous avez passé toute votre vie à construire un appartement, en espérant que votre fils se marie, et qu'il puisse y vivre mais, comme vous pouvez le voir, la Russie est arrivée."
D'autres, comme Natalia, avaient fait le choix de se réfugier à l'étranger, sans anticiper une guerre aussi longue. Faute de moyens pour vivre en Allemagne, elle a retrouvé un travail dans un café du centre de la capitale ukrainienne. "J'espère vraiment que l'on nous proposera enfin d'adhérer à l'Otan. Au fond de moi, je suis sûre que nous y serons un jour, assure-t-elle. Car si nous n'y sommes pas, ce serait catastrophique."
"L'Ukraine devrait d'abord construire son propre système de défense"
Maksym, lui, estime que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine est une perspective lointaine. "L'Ukraine devrait d'abord construire son propre système de défense. Et nous sommes au cœur de l'Europe, donc nos amis européens devraient nous y aider davantage", plaide l'enseignant en économie. Et quand il est interrogé sur les garanties de sécurité discutées à Paris, il propose aux Européens une leçon d'histoire : "Comme l'a dit Bismarck, les accords avec la Russie ne valent même pas le bout de papier sur lequel ils sont écrits. Donc, les négociations qui ont lieu n'aboutiront à rien, si ce n'est à la violation des promesses."
Aujourd'hui, écœurement et ténacité se mêlent. Selon l'institut de sondage Rating basé à Kiev, la moitié de la population ukrainienne estime que cette guerre pourrait encore durer deux à trois ans.