Présidentielle américaine : ce qu’il faut savoir à une semaine de l’élection
Dans une semaine jour pour jour, nous saurons qui de Donald Trump ou Kamala Harris sera élu à la tête des États-Unis. Si les résultats seront annoncés le 5 novembre outre-Atlantique, ils tomberont chez nous dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 novembre.
Mode de scrutin, sondages, programmes, derniers rendez-vous des candidats... Le Figaro fait le point sur les informations principales à retenir, sept jours avant le dénouement de cette élection présidentielle.
Comment fonctionne le scrutin ?
Contrairement à la France où les citoyens votent pour leur candidat favori à la présidentielle, les 240 millions d'électeurs américains ne votent pas directement pour Kamala Harris ou Donald Trump. Ils désigneront en réalité les 538 grands électeurs qui, rassemblés dans un Collège électoral, auront la charge de nommer le futur locataire de la Maison-Blanche. Pour être élu, le candidat doit en obtenir au moins 270 voix de grands électeurs. Ce second scrutin aura lieu le 17 décembre.
Cela sous-entend que le candidat qui a obtenu le plus grand nombre de votes populaires au niveau fédéral peut ne pas décrocher de majorité au Collège électoral des grands électeurs, et ainsi perdre l'élection. Ce scénario s'est déjà produit, notamment en 2016 quand Hillary Clinton avait remporté 2,89 millions de voix de plus que Donald Trump.
Les États à surveiller de près
Si pour l'heure, le suspense reste entier sur l'issue du scrutin, tout devrait se jouer dans sept États-clés, appelés les «swing states» : l'Arizona, la Caroline du Nord, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Par définition, les résultats de ces États sont incertains car ils ne sont acquis à aucun des deux grands partis dominants. À chaque élection, leurs votes sont particulièrement scrutés car ils peuvent tout faire basculer.
Dans l'Arizona par exemple, Kamala Harris était donnée vainqueur au mois d'août, avant que les courbes ne se croisent et que Donald Trump reprenne l'avantage, selon l'agrégateur de sondages FiveThirtyEight. Afin d’obtenir ces votes clés, les candidats se déplacent donc davantage dans ces États. Mardi soir, Trump se trouvait notamment en Pennsylvanie, l’État le plus convoité car il dispose de 19 grands électeurs, soit plus que chacun des autres swing states.
Que disent les sondages ?
En raison de l’incertitude des résultats dans ces swing states, l’issue du scrutin est imprédictible. D’après la majorité des sondages qui prédisent les votes populaires à l’échelle nationale, Harris et Trump sont au coude-à-coude, avec un point d’avance pour la candidate démocrate (49%) par rapport au républicain (48%). Toutefois, ils esquissent une dynamique en faveur de Trump. Si Kamala Harris avait pris de l’avance lorsqu’elle a succédé à Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche en août dernier, sa courbe est en baisse depuis le début du mois d’octobre. Alors que celle de Donald Trump grimpe en flèche.
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Dans les swings states en revanche, les instituts de sondages ne sont pas tous d’accord. Selon Real Clear Politics, Trump est en tête dans tous ces États clés, sauf dans le Michigan, mais l’écart avec Harris reste très faible allant de +0,5 à +2,4 points. Alors que FiveThirtyEight nuance un peu ces résultats avec quatre des swings states en faveur de Trump (Pennsylvanie, Caroline du Nord, Géorgie et Arizona) contre trois États-clés pour le camp démocrate (Nevada, Wisconsin et Michigan). Néanmoins, les écarts entre les deux partis restent toujours très faibles, entre +0,1 et +2,2 points. Ainsi, on peut en conclure que si le vote avait lieu au moment où nous écrivons ces lignes, Donald Trump remporterait l’élection.
Les programmes des candidats
Chez les Démocrates, Kamala Harris n'a eu que quatre mois pour présenter un programme de campagne. Son discours tourne principalement autour d'attaques envers le comportement outrancier et les positions conservatrices de son adversaire. La vice-présidente met néanmoins un point d'honneur sur le retour du droit à l'avortement à l'échelle nationale. Alors que l'inflation touche durement les Américains, la candidate démocrate promet de réduire les coûts de l'alimentation et du logement pour les familles en difficulté. Elle souhaite par ailleurs augmenter les impôts des grandes entreprises et des citoyens gagnant au moins 400.000 dollars par an. Sur le plan international, Harris veut maintenir le soutien à l'Ukraine et plaide pour une solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien.
Donald Trump, attaque, lui aussi, son adverse à chaque allocution. Avec un langage parfois injurieux. Son programme repose principalement sur l'immigration. L'ancien président a promis d'achever la construction du mur séparant les États-Unis et le Mexique et souhaite mettre en place une déportation massive de sans-papiers. Sur l'économie, le milliardaire assure qu'il mettra «fin à l'inflation» et rendra «l'Amérique à nouveau abordable». Selon lui, l'expulsion des sans-papiers atténuera la pression sur le logement. Le républicain propose des réductions d'impôts d'une valeur de plusieurs milliers de milliards, qui seront permises par une croissance plus forte et des droits de douane sur les importations. À l'international, Trump reste un isolationniste et désire que le pays se désengage des conflits. Il a déclaré qu'il mettrait fin à la guerre en Ukraine en 24 heures par le biais d'un accord entre les deux belligérants. Dans le conflit israélo-palestinien, il est un fervent défenseur d'Israël.
Les Américains ont déjà commencé à voter
De nombreux citoyens, dont le président sortant Joe Biden, ont voté avant le 5 novembre. En effet, depuis le 16 septembre, il est possible dans certains États de voter de façon anticipée dans un bureau de vote. En 2020, 70% des électeurs avaient pu déposer leur bulletin dans les urnes avant le jour du scrutin. Cet aménagement a pour objectif d'améliorer la participation électorale, en permettant de voter aux personnes empêchées de le faire par des circonstances personnelles et de réduire l'affluence le jour de l'élection.
De multiples modalités sont proposées aux électeurs, comme le vote par correspondance, accusé par Donald Trump d'avoir favorisé en 2020 une fraude présumée, dont il n'a jamais pu apporter la preuve.
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Les derniers rendez-vous des candidats
Mardi soir, Donald Trump a tenu un meeting en Pennsylvanie, un État constitué d’une forte communauté hispanique. Un rendez-vous sous tension après qu’un humoriste a fait une blague raciste, lors du meeting de New York quelques jours plus tôt, dans laquelle il a qualifié Porto Rico d’«île flottante d’ordures» . Si le candidat républicain n’a pas réagi à la polémique, il s’est contenté de reprendre les propos de Biden qui a qualifié les partisans de Trump de «déchets» quelques heures plus tôt.
Pendant ce temps, Kamala Harris se tenait devant la Maison-Blanche à Washington, dans le parc même où Donald Trump avait prononcé son discours le 6 janvier 2021, incitant ses partisans à prendre d'assaut le Capitole. Une nouvelle fois, la candidate démocrate a cherché à se démarquer de son adversaire en insistant sur le danger qu’il représente pour la démocratie : «À l'indifférence de Donald Trump, je ne crois pas que les gens qui ne sont pas d'accord avec moi sont des ennemis. Il veut les mettre en prison. Je leur ferai une place à table.»