Pourquoi le train coûte moins cher que l’avion en France, mais beaucoup plus vers l’étranger ?

Ils seront probablement nombreux cet été à rejoindre leur lieu de villégiature en avion, en autocar ou en voiture plutôt qu’en train, faute d’avoir trouvé une place dans un TGV... ou dissuadés par des billets hors de prix. C’est un constat partagé par de nombreux voyageurs, en particulier pendant les vacances scolaires : le train coûte presque toujours plus cher que l’avion. Pour objectiver ce constat, le Réseau Action Climat (RAC) et l’association de consommateurs UFC-Que Choisir publient ce 3 juillet un rapport qui analyse les écarts de prix entre les deux modes de transport.

La principale conclusion brise une idée reçue : traverser la France peut être bien moins cher par le rail que par les airs malgré le coût des péages ferroviaires qui représentent jusqu’à 40 % du prix d’un billet. «Le train est moins cher de 40 % quand il existe une liaison ferroviaire directe, mais l’avion qui est moins cher de 10 % quand une correspondance en train est nécessaire», selon le rapport qui compare les prix des deux modes de transport sur 25 liaisons intérieures. Ainsi, le prix minimum moyen d’un Lille-Marseille direct est de 86 € en TGV, contre 134 € en avion, selon les données de l’UFC-Que Choisir. Sur un Paris-Toulouse ou Paris-Biarritz, on frôle l’égalité avec une différence de quelques euros à peine.

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Le train perd néanmoins cet avantage tarifaire dès lors qu’il faut faire une correspondance pour rejoindre sa destination. Sur les axes transversaux (ne passant pas par Paris), l’avion est moins cher de 10 %, mais ce taux avoisine les 50 % sur Lyon-Bordeaux, Bordeaux-Nice et Nice-Strasbourg. «Dans l’Hexagone, sur les 10 liaisons aériennes transversales les plus empruntées, seules trois disposent d’une alternative directe en train. [...] Les liaisons TGV transversales, sont progressivement délaissées par la SNCF faute de rentabilité», souligne le RAC.

Des liaisons internationales chères et peu nombreuses

Ce qui est vrai sur les lignes nationales ne l’est pas sur les lignes internationales. Le rapport souligne qu’en dehors des rares opérations promotionnelles, les TGV et trains de nuit vers l’étranger coûtent deux à trois fois plus cher que l’avion. Même sans changement, un Paris-Barcelone en TGV inOui ou un Paris-Londres en Eurostar coûte en moyenne 2,5 fois plus cher qu’avec easyJet ou Transavia.

Cela donne lieu à des situations ubuesques. Alors qu’un Paris-Perpignan coûte en moyenne 86 € pour 850 km parcourus, un Paris-Barcelone, plus long de seulement 200 km, coûte plus du double (186 €). Un surcoût qui s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, pour être apte à circuler dans plusieurs pays, une rame doit adapter ses équipements aux caractéristiques locales (courant électrique, signalisation, systèmes de sécurité...). Une rame internationale peut ainsi valoir 20 % de plus par rapport à une rame domestique ; un surcoût répercuté en partie sur le prix du billet.

Des trains peu nombreux face à l’offre aérienne

Autre facteur : du fait des longues distances parcourues et de la durée des trajets (6h45 pour un Paris-Barcelone, 7h30 pour un Paris-Milan...), une rame qui traverse la frontière est moins rentable puisqu’elle effectue un seul aller sur la journée. Elle ne transporte ainsi «que» 500 passagers au maximum par jour, alors qu’elle pourrait assurer plusieurs rotations et multiplier ce nombre par deux, trois ou quatre si elle ne quittait pas l’Hexagone.

Vers l’étranger, les passagers ferroviaires sont plus souvent confrontés à volatilité des tarifs. Le prix des trajets internationaux n’est pas plafonné, à la différence des trajets nationaux qui le sont par décret. Les fréquences vers l’étranger sont très faibles, avec chaque jour un seul aller-retour Paris-Berlin, deux Paris-Barcelone (trois en été) et trois Paris-Milan par jour. Résultat : les rares places trouvent très vite preneurs, faisant grimper les tarifs.

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Par comparaison, les compagnies aériennes déploient une offre pléthorique vers ces destinations, avec par exemple jusqu’à 160 vols par semaine dans chaque sens entre Paris et Barcelone proposés. Le tout à des prix imbattables à partir d’une quarantaine d’euros.


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