C’était un « gros mot » que même ses plus irréductibles défenseurs n’osaient marteler, il y a trente ans. Mais en quelques mois, la souveraineté s’est imposée dans toutes les bouches des candidats aux élections européennes. Décliné à l’infini - écologie, immigration, énergie, défense, santé -, le concept est devenu l’un des totems de campagne : il apparaît dans tous les programmes des huit principales têtes de listes, et même à une quinzaine de reprises dans celui de François-Xavier Bellamy (LR) ou de Manon Aubry (LFI). « Celui qui n’en parlerait pas passerait pour un illuminé », plaisante un cadre du Rassemblement national.
Mais derrière ce mot-valise, synonyme d’une autonomie retrouvée, se cache en réalité un profond désaccord sur la définition qu’y accole chaque formation. D’un côté, ceux qui plaident pour une « souveraineté européenne », en dehors des frontières nationales : les socialistes, les écologistes et les macronistes. Dans la majorité présidentielle, on tient…