Guerre en Ukraine : avant la rencontre Trump-Poutine, les Européens tentent d’exister

Le terme consacré est « réunion d’urgence » mais c’est bien dans la précipitation que les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) se sont retrouvés, ce lundi 11 août. Complètement dépossédés de la maîtrise de leur propre destin par les présidents russe et états-unien depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, les Vingt-Sept ont convoqué cette rencontre en amont de celle prévue entre le locataire de la Maison Blanche et Vladimir Poutine, le 15 août en Alaska.

Il faut dire que la situation est plutôt ubuesque. Dans la journée, le porte-parole du chancelier allemand, Friedrich Merz, a annoncé que les Vingt-Sept étaient parvenus à revenir par la petite porte. Une réunion – virtuelle celle-ci – devrait ainsi être convoquée ce 13 août entre les dirigeants des principaux pays européens, ceux de l’Otan et de l’Ukraine. Quid des Américains et des Russes ? Pour l’heure, il n’en est pas question.

L’Ukraine dépecée en Alaska ?

Ces discussions devraient s’organiser « en différents groupes thématiques » sur « la préparation de possibles négociations de paix », les questions « relatives aux revendications territoriales et aux garanties de sécurité » et d’éventuelles « actions supplémentaires » pour exercer une pression sur la Russie, a détaillé Stefan Kornelius au nom de Friedrich Merz. Comble de l’humiliation, ce dernier souhaite enfin que le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, puisse être présent en Alaska… même dans un autre bâtiment que celui où se retrouveront Donald Trump et Vladimir Poutine.

Comme s’il n’y croyait plus lui-même, le président ukrainien s’est contenté d’un message sur Facebook à quelques heures de la rencontre des ministres du continent : « La Russie refuse d’arrêter les massacres et ne doit donc pas recevoir de récompenses ou d’avantages. Et ce n’est pas seulement une position morale, c’est une position rationnelle ».

Il ajoute : « Les concessions ne persuadent pas un tueur ». S’il s’est entretenu avec une douzaine de responsables européens, le président ukrainien a précisé qu’il travaillait « bien sûr » avec Washington.

Tout laisse à penser qu’un éventuel accord entre Donald Trump et Vladimir Poutine se ferait au détriment de l’Ukraine. La Russie, qui contrôle désormais 20 % du territoire ukrainien, n’a pas l’intention de céder un millimètre. Elle a pour ambition de conserver une sorte de corridor qui irait de Lougansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson jusqu’à la Crimée, annexée en 2014. Ce à quoi Kiev et l’UE s’opposent. Pour ces derniers, c’est la ligne de front actuelle qui doit servir de base aux discussions. Moscou exige également que l’Ukraine renonce à toute adhésion à l’Otan et aux livraisons d’armes occidentales.

Dans une déclaration commune rendue publique samedi, Paris, Rome, Berlin, Varsovie et Helsinki répètent, avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qu’en aucun cas « les frontières internationales ne doivent être modifiées par la force ». Donald Trump a déjà affirmé qu’il n’entendait pas envoyer de force de maintien de la paix en Ukraine.

Un dispositif auquel Vladimir Poutine s’oppose de toute façon, considérant le déploiement d’un contingent européen comme une armée étrangère à ses portes. À défaut d’être associée, l’UE entend donc afficher un front uni. Ce qu’elle n’est pas parvenue à faire sur nombre de sujets brûlants, dont Gaza en premier lieu. En l’espèce, la réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’UE semble avoir eu lieu pour la forme, comme si les Européens voulaient se convaincre qu’ils pesaient encore.

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